Plébiscitées depuis quelques années, les applications et plateformes audio sont l’occasion pour beaucoup de pouvoir écouter des livres et des podcasts quand bon leur semble, dans les transports en commun, entre deux heures de pause, le soir dans sa chambre. Une popularité qui a permis la recrudescence des séries dans ce format, où l’immersion est de mise. Parmi les titres français sortis récemment, De Profundis, une création originale Audible imaginée par Franck Gombert. Comprenant au casting vocal Clémence Poésy, Jean-Baptiste Maunier, Dominique Pinon, ce thriller de science-fiction nous plonge en pleine dystopie, alors que l’Humanité s’est réfugiée sous terre à la suite des effets désastreux du réchauffement climatique. Pour les plus curieux, voici sa bande annonce et son synopsis officiel, qui auront de quoi vous mettre dans l’ambiance :

Synopsis :

2174. Après deux siècles de réchauffement climatique, les villes ont été enfouies et les survivants parqués dans des petites communautés souterraines. L’Humanité a trouvé pour dernier refuge les entrailles de la terre.

La capitaine, Julie Nils interprétée par Clémence Poésy, est envoyée dans une région souterraine pour enquêter après le massacre d’une expédition.

Les distances, la perte des technologies et des savoirs, ont fini de mettre à genoux une population déjà exsangue. L’Humanité ne subsiste qu’en glanant les vestiges de sa grandeur passée, envoyant des expéditions dans les ruines enfouies des citées des profondeurs, où jamais ne rentre la lumière et ou ces cris obsédants qui semblent provenir des tunnels vous glacent le sang.

Lorsqu’une unité de la Garde est envoyée à Rahart, petit village souterrain isolé, le tableau qu’elle découvre dépasse de loin toutes les affaires observées depuis le nouvel ordre : aucun survivant, des corps déchiquetés, une odeur pestilentielle. Dans le dédale des boyaux souterrains, l’énigme s’épaissit à chaque pas…


Profitant de la tenue du Séries Mania Forum à Lille – pendant professionnel de Séries Mania – SeriesDeFilms a eu l’occasion de nouer le contact avec Franck Gombert, l’auteur de De Profundis, venu présenter sa création dans le cadre de la session IP : Pitch to Screen. En a résulté un entretien sur la génèse de la série audio et sa production, que vous pouvez lire (mais pas écouter désolé) ci-dessous.

De Profundis est une série audio de science-fiction, développée pour Audible. Quel a été le point de départ de votre réflexion sur cette thématique ?

Tout part d’un appel à projet que Audible avait lancé pour une série audio. Il y avait plusieurs propositions et il se trouve que j’ai été retenu sur une série post-apocalyptique qui se situe dans deux cent ans. A la base, j’ai eu une double réflexion. Je suis un grand fan de Lovecraft et d’Alien, ce qui se ressent quand même beaucoup dans la série, donc l’idée que celle-ci se déroule sous terre était tout d’abord liée à ça. Je cherchais un environnement non exploré car j’adore les histoires d’exploration à la Jules Verne où comme dans Les Montagnes Hallucinées. Plus on avance dans le temps, moins il reste de territoires vierges entre guillemets. Il reste la mer, mais elle a déjà pas mal été traitée on va dire, notamment par James Cameron. Il y a aussi l’espace bien évidemment mais sur Terre il y avait cette idée de sous-sol et cela m’a parlé.

L’autre aspect qui m’a interpellé était la contrainte liée au son car comme vous le savez, un audio-drama c’est comme une série mais sans images, donc il fallait un environnement qui permette de donner des clés de compréhension sur l’intrigue. Le fait d’être tout le temps en intérieur facilite vachement cela. On peut se dire oui on est en extérieur, en bord de mer, mais cela peut s’avérer vite difficile en terme de lisibilité si l’un des personnages est à cet endroit tandis qu’un autre se retrouve aux abords d’un volcan et qu’un troisième fait face à une tempête. Alors que si l’on est en intérieur, pour le coup il peut y avoir des pièces, par exemple le chef de la communauté d’Odraz où se déroule la majorité de l’action, dans son bureau il y a toujours un phonographe qui tourne, donc après psychologiquement dès qu’on arrive et qu’on l’entend on sait où l’on se trouve. Pour finir j’avais aussi dans l’esprit cette idée de s’enfoncer de plus en plus dans les entrailles de la Terre, pour moi ça a un côté hyper entraînant.

Comment s’est déroulé le travail d’écriture avec Jean-Baptiste Jeannot, listé à vos côtés en tant qu’auteur sur la série ? Comment vous êtes vous répartis les tâches en terme de production ?

Alors Jean-Baptiste Jeannot n’a pas officié à l’écriture mais il est considéré comme co-auteur de par son travail sur l’arrangement sonore en l’occurrence. Il s’est occupé de l’enregistrement, des effets sonores et de la direction d’acteurs. La série je l’ai écrite tout seul mais oui Jean-Baptiste m’a donné quelques feedbacks au départ, qui étaient plus sur des questions de sons ou sur des besoins d’explications par rapport au genre post-apocalyptique ici abordé, où l’on a perdu notre technologie. Ce qui a débouché sur l’ajout de petites infos pour que l’on comprenne comment ils arrivent à avoir de l’énergie par exemple, notamment via l’utilisation de la géothermie, avec l’utilisation de moulins à eau des choses comme ça.

Même niveau technique, les personnages se parlent via des moyens de communications telles que les transmissions radios et les enregistrements, qui se font sur bandes magnétiques. J-B m’a fait remarqué à juste titre que celles-ci étaient conçues chimiquement et vu l’ancrage de l’histoire, scénaristiquement on est revenus à une fabrication via des rouleaux de cire comme cela se faisait tout au départ avant l’ère industrielle.

C’était donc cela le véritable défi pour vous, que vos intentions d’ordres scénaristiques et visuelles se traduisent correctement de manière sonore ? Il est vrai quen terme d’immersion, votre travail à tous les deux se rejoint parfaitement. Vous avez travaillé de concert et cela se ressent dès l’écoute du premier épisode.

Oui c’est vrai, d’autant plus – et là c’est plus technique mais cela a un impact très fort – que la série a été enregistrée en binaural. C’est un système qui fonctionne pour les casques et qui donne cette impression immersive plus poussée que la stéréo car on est à 360°. On entend des sons de partout et cela est assez incroyable. Et comme on joue sur la peur, les cliffhangers, les twists, cela fait son effet. Le travail sonore a été merveilleux.

Et comment avez-vous travaillé avec les acteurs ? De quelle manière avez-vous appréhendé avec eux le fonctionnement de cet univers au cours des sessions d’enregistrement en studio ? Ont-ils eu des difficultés à se mettre dans la peau de leur personnage ?

Cela demande peut-être plus d’imagination de la part des acteurs, après ce sont des pros donc ils savent faire. Nous de notre côté il n’y a pas au de mise en situation particulière, nous étions en studio. Par séquence, vous allez avoir tous les acteurs qui sont là au même moment, ce qui permet de gérer les interactions, c’est hyper important. Après eux, c’est leur talent aussi de s’immerger complètement. C’est exactement comme s’ils faisaient un long-métrage ou une série d’animation, sauf que le support son n’est pas encore fait. On a eu de la chance, on a eu un super casting, ils se sont bien entendus et cela a très bien fonctionné.

Vous étiez au Séries Mania Forum pour pouvoir présenter De Profundis. Votre ambition est donc de la porter à l’écran et ainsi apposer votre patte en terme de réalisation, afin de donner une nouvelle impulsion à votre histoire ?

C’est cela, exactement. De base, moi je viens vraiment du monde de l’écriture de séries télé donc je l’ai vraiment pensée comme telle. Pour le coup en terme de scénario on est sur les mêmes critères, la seule différence est que l’on est sur des épisodes qui en moyenne – à peu près – font vingt-six voire vingt-huit minutes. Sur une série, on serait plus sur du quarante-cinq minutes je pense. Si je suis auteur désormais, j’ai commencé en tant que réalisateur. Je viens du domaine de l’image et c’est pour cela que je trouvais drôle d’ailleurs de travailler sur une série audio.

Donc oui, je l’ai pitché sur scène, en anglais. J’ai été invité par Séries Mania, qui a une section Podcast to Screen (du podcast à l’écran), pour défendre ce projet et parmi les cinq en lice j’étais le seul français. Il y avait à mes côtés une belge et trois anglais/es. Nous avons présenté nos séries, histoire de voir si cela pouvait intéresser des gens. Moi, c’est un projet que je défends parce que c’est mon univers mais en terme d’images il faut être honnête, on est sur quelque chose qui est extrêmement ambitieux par rapport à ce que l’on peut faire actuellement. Ça va loin. Vous êtes au premier épisode, je ne vais pas vous spoiler mais ça va très, très loin donc il y a un moment il est clair que cela va coûter de l’argent. (rires)

Heureusement en France, et tant mieux pour moi parce que je suis un grand fan, on va vers le genre, notamment à travers les séries. On est sur du genre qui est assez grand public entre guillemets, comme Vortex par exemple qui a très bien marché ou même un unitaire comme Neige qui est sur les codes du thriller, du film noir avec des twists à la clé. Ça on le fait. L’immersion S-F, horreur, post-apo, ça va très très loin et pour le coup – sans aucune prétention – dans ma réflexion De Profundis est proche de The Walking Dead et dans une moindre mesure The Last of Us. Pour moi dans The Walking Dead l’important ce ne sont pas les zombies, ce sont les personnages. On les met dans des situations extrêmes pour révéler le pire ou le meilleur de chacun. C’est ce que j’ai essayé de faire dans la série, à ceci près que c’est centré avant tout sur le lieutenant Julie Nils.

Dans un sens, cela va peut-être aider l’avancement de ce projet que Clémence Poesy ait joué ce rôle, sachant que sa carrière est d’échelle internationale. Cela pourrait intéresser des financeurs, si jamais elle vous suit sur cette version live.

Justement, on a proposé à Clémence Poesy le rôle parce qu’elle a cette double-casquette française/anglaise. D’ailleurs, De Profundis devait à l’origine sortir dans ces deux langues sur Audible mais malheureusement cela ne s’est pas fait. Si la série se concrétise, j’adorerai avoir de nouveau Clémence au casting mais pour le moment on en est loin. Sachant qu’en plus elle joue dans le spin-off de The Walking Dead centré sur Daryl vous avez vu ? C’est cool. J’avais failli postuler pour être figurant, ça m’aurait bien fait triper d’y participer. J’ai vu des images de tournage, ça avait l’air assez fou quand même. (rires)

Propos recueillis par Romain Derveaux

1 commentaire »

Laisser un commentaire