Présentée en avant-première mondiale dans le cadre du festival Séries Mania, où elle concourt dans la catégorie Panorama International, Barzakh est l’unique production de cette cuvée 2023 en provenance de l’Asie du Sud. Supervisée par Assim Abassi, celle-ci comprend Fawad Khan, Sanam Saeed, Salman Shahid au casting et se concentre sur une réunion de famille tendue à l’occasion d’un mariage des plus mystérieux…

© Zindagi

Depuis 2018, le leader de l’industrie télévisuelle indienne Zee Entertainment Enteprise a lancé son propre service de SVOD, nommée ZEE5. L’occasion de multiplier les productions et de conquérir de nouveaux publics, donnant une impulsion bienvenue aux séries issues de la région méridionale de l’Asie – certaines réussissant à attirer la curiosité dans d’autres territoires. Nous avons pu constater cette émergence il y a près de trois ans avec la diffusion du drama pakistanais Churails, qui avait fait parler d’elle en s’attirant les foudres de conservateurs de par son sujet où des personnages féminins s’en prenaient au patriarcat.

Passée cette expérience, le showrunner Assim Abassi, une des figures de ce renouveau, effectue son retour derrière la caméra avec Barzakh, série emprunte de mysticisme où les fantômes du passé se rappellent au bon souvenir des vivants. Porté notamment par Fawad Khan (que certains auront pu voir récemment dans Miss Marvel) et Sanam Saeed, deux stars locales à la carrière grandissante – qui se retrouvent une décennie après s’être donné la réplique dans Zindagi Gulzar Hai – le show s’est dévoilé à l’occasion de Séries Mania où ses deux premiers épisodes ont été projetés en exclusivité.

Prenant la forme d’un conte philosophique où le drame se conjugue au fantastique, Barzakh s’articule autour des retrouvailles entre deux fils et leur père à l’occasion du remariage de ce dernier – le troisième. Un événement qui se veut jovial et synonyme de fête mais qui prend une toute autre tournure alors que les principaux personnages se réunissent dans l’enceinte de la demeure du patriarche à l’aube de la cérémonie, un complexe hôtelier qui n’est pas du goût de la population voisine. Comme le sous-entend son premier épisode, de nombreux problèmes sommeillent sous la surface de cet endroit particulier et émergent progressivement de terre, pour mieux perturber l’équilibre de tous. Ou quand le mariage tourne au divorce pour notre fratrie.

Se jouant de son cadre à chaque chapitre, enfermant tout d’abord Jafar et ses proches entre les murs du Mahtab Mahal avant d’ouvrir leurs horizons en prenant le pas d’une expédition en plein air, la série met tout en œuvre pour créer une atmosphère pesante, pour souligner les tensions sous-jacentes sans les faire exploser. La retenue est donc de mise alors que l’on découvre petit à petit les tenants de l’intrigue développée, où l’amour et le deuil sont explorés sous le prisme du surnaturel. Un mélange des genres qui se nourrit de la narration appliquée par Assim Abassi, qui prend son temps pour lever le voile sur les différents enjeux de cette chronique familiale, où l’obstination d’un homme sème la rancœur et la colère.

Sans trop en révéler sur les éléments fantasmagoriques et magiques du scénario, l’inconditionnelle passion de Jafar pour son premier amour l’a amené à prendre une trajectoire en pente douce, sacrifiant ses relations avec ses femmes, avec ses enfants sur l’autel de l’ambition avec une obsession en tête. Ce qui nous amène à son troisième mariage, des plus nébuleux pour sa progéniture et les habitants des environs, l’identité de la marié restant pour le moment un mystère. Ce qui est certain, c’est que sur ces terres mystiques, les vivants et les morts sont liés, le spectre des défunts n’étant jamais loin de ceux qui leur survivent. De quoi ajouter une certaine poésie à Barzakh, amplifiée par la mise en scène soignée d’Abassi, qui reste aux frontières du réel pour analyser les rapports humains et les croyances de chacun. Il y a de l’idée, à voir si la balance s’inversera dans les épisodes suivants et si l’extraordinaire va prendre une place prépondérante dans le déroulement de cette union pour le moins trouble et troublée.

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