[Critique] Watcher, l’ombre de la menace
Après avoir pris part à un segment de V/H/S/94, Chloe Okuno s’attaque à son premier long-métrage en bonne et due forme avec Watcher, qui réunit Maika Monroe, Karl Glusman, Burn […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Après avoir pris part à un segment de V/H/S/94, Chloe Okuno s’attaque à son premier long-métrage en bonne et due forme avec Watcher, qui réunit Maika Monroe, Karl Glusman, Burn […]
Après avoir pris part à un segment de V/H/S/94, Chloe Okuno s’attaque à son premier long-métrage en bonne et due forme avec Watcher, qui réunit Maika Monroe, Karl Glusman, Burn Gorman, Mãdãlina Anea ou encore Daniel Nuță. Présenté en avant-première lors du 48e Festival du cinéma américain de Deauville, le thriller se centre sur une ancienne comédienne, expatriée en Roumanie à la suite d’une mutation de son mari…
Trouvant dans le drame et l’horreur de quoi nourrir son univers depuis ses débuts derrière la caméra, avec le court Full Circle (2013), Chloe Okuno ne déroge pas à sa formule pour son passage au format long. Jouant habilement avec les nerfs du spectateurs, la cinéaste nous convie à un thriller opaque, Watcher tirant profit de son faux rythme pour diluer ses pistes de réflexion sur les questions de l’insécurité et de la parole de la femme, dans une atmosphère glaciale qui lui sied plutôt bien.
En se réappropriant un scénario original écrit par Zack Ford, la réalisatrice appose sa patte sur une histoire de stalker s’avérant somme toute classique pour le genre, privilégiant l’instauration d’un sentiment de malaise afin de mieux sensibiliser le public à la condition psychologique de son personnage principal, dont la dégradation est la clé de voute du métrage. En résulte un choix judicieux de la part de cette dernière, celui de transposer l’intrigue en Roumanie, un ancrage géographique permettant de recentrer les enjeux mais surtout de donner du cachet à la dimension hitchcockienne de l’œuvre, renfermant les protagonistes sur eux-mêmes dans le but d’exacerber leurs frustrations, leurs peurs. De ce cadre, Chloe Okuno trouve un outil efficace pour semer la graine du doute dans ce récit d’expatriée en proie à la solitude, perdant progressivement pied.
Abandonnant sa carrière de comédienne pour suivre son mari à Bucarest, Julia se retrouve livrée à elle-même dans une ville qu’elle ne connaît pas, isolée par la barrière de la langue. Telle un poisson hors de l’eau, la jeune femme a du mal à s’intégrer, devant une ménagère attendant que son bien-aimé daigne bien rentrer de son bureau. Une situation prenant une tournure dramatique lorsque, au cours d’une nuit où elle ne parvenait pas à dormir, celle-ci se rend compte qu’une silhouette semble l’observer dans le bâtiment situé en face de leur appartement, le point de départ d’une plongée dans des abimes de perplexité. Se sentant épiée par cette obscure figure, Julia se voit déstabilisée, d’autant plus lorsqu’un meurtre barbare se produit à quelques rues d’ici. Un danger omniprésent, s’immisçant subrepticement dans le quotidien du couple tandis que l’un s’immerge dans le travail et l’autre dans
De cette double menace, Watcher en tire une lente mais intrigante descente en enfer, maitrisant l’art du suspense en abattant savamment ses cartes, se concentrant uniquement sur le ressenti de son héroïne, qui se coupe des autres au fur et à mesure que son angoisse prend le pas sur tout le reste. Parfaitement dirigée, Maika Monroe, découverte dans It Follows, est sans conteste le point fort du film, l’actrice exposant subtilement les désillusions de son alter-ego grâce à une performance remarquée, ses altérations agrémentant ce climat d’incertitude transpirant chaque pore de la pellicule. Niveau mise en scène d’ailleurs, Chloe Okuno soigne ses plans, perdant Julia dans des décors froids et lugubres pour accentuer son mal-être – les décors offerts par Bucarest aidant à instaurer cette ambiance âpre recherchée.
Avec Watcher, Chloe Okuno livre un thriller nébuleux qui, malgré une trame classsique, parvient à tirer son épingle du jeu grâce au soin porté à son atmosphère paranoïaque et à la prestation sensible de Maika Monroe – le tout pour un premier long-métrage qui ne manque pas d’idées niveau mise en scène.