Moins d’un an après Les Tuche 4, Olivier Baroux fait son retour derrière la caméra avec Menteur, l’adaptation de la comédie québécoise éponyme réalisée par Emile Gaudreault, comprenant Tarek Boudali, Artus, Pauline Clément, Catherine Hosmalin, Karim Belkhadra, Louise Coldefy ou encore Bertrand Usclat au casting et se centrant sur le parcours d’un affabulateur rattrapé par ses mensonges…

Enchaînant les longs-métrages à un bon rythme depuis qu’il se consacre exclusivement à la réalisation, une période débutée en 2007 avec Ce soir je dors chez toi, Olivier Baroux fait de la comédie son terrain de jeu principal, avec plus ou moins de succès. Si l’on retient surtout sa saga Les Tuche, le O de Kad et O’ – le point d’orgue de sa filmographie en tant que cinéaste – ce dernier ne se cantonne pas qu’aux aventures décalées de nos amateurs de frites et de blagues potaches, tentant de toujours élargir ses horizons. Ce qui l’amène pour la seconde fois de sa carrière à s’engager sur un remake et ce trois ans après Just A Gigolo, qui n’avait pas remporté l’adhésion du public.

Avec Menteur, le comédien s’approprie l’œuvre du même nom d’Emile Gaudreault, qui a rencontré un énorme succès au Québec – affirmant sa popularité après les deux opus de De Père en Flic qui, pour la petite histoire, a été porté à l’écran en France par le réalisateur en personne en 2015 sous le titre Père fils thérapie !. Suscitant l’intérêt de Gaumont, qui en a acheté les droits d’adaptation, le film se voit donc agrémenter d’une version hexagonale, non pas chapeautée par son géniteur, le projet ayant été confié à Olivier Baroux. Au programme des réjouissances, les mésaventures d’un mythomane qui se voit rendre la monnaie de sa pièce par un destin facétieux, déterminé à lui faire comprendre que le chemin dans lequel il s’enfonce n’a pas d’issue. Pour s’y faire, notre expert en excuses bidons et bobards plus gros que lui va devoir composer avec les conséquences de ses vaines paroles, qui deviennent du jour au lendemain réalités.

De ce postulat, le champ des possibles était larges pour provoquer l’hilarité et pimenter la leçon donnée à notre protagoniste principal, Jérôme – qui a fait du mensonge le moteur de son existence. Que ce soit dans le cercle privé ou professionnel, l’as des cracks s’en sort toujours avec des pirouettes, quitte à impacter par ricochets ses proches et collègues. Alors que ceux-ci lui mettent justement le nez devant ce tas de bêtise à l’odeur peu reluisante, une malédiction va s’abattre sur notre homme puisque chaque mensonge prononcé modifie son petit monde, avec des conséquences à la clé. Si l’on devine rapidement la finalité de cette entreprise et la morale qui va avec, ce retour de boomerang avait de quoi laisser présager l’assurance d’un bon petit moment de détente une fois les bases posées. Hélas, l’escalade promise en terme de péripéties et de délire n’est pas au rendez-vous, la faute à un scénario qui ne fait qu’effleurer son sujet et reste anormalement sage – ce qui est assez frustrant.

Alors qu’il y avait de la matière pour s’autoriser quelques folies, Menteur suit une route trop balisée pour son propre bien, se rendant compte au dernier virage qu’il aurait pu bifurquer vers une direction plus dangereuse. Honnêtement, le travail d’Olivier Baroux n’est pas mauvais mais cela est étonnant que l’un des cerveaux derrière le Kamoulox reste autant sur les rails de son homologue, les maigres changement apportés pour le marché français ne permettant pas de dynamiter l’ensemble comme espéré. Ce qui aurait pu être un divertissement se rapprochant du cartoon, se révèle finalement lisse, malgré quelques vannes disséminées ci et là, qui montraient pourtant que sortir des sentiers battus. La sauce ne prend que lorsque l’on se dirige vers le comique de situation de manière absurde, à l’image des catastrophes vécues par le personnage de Thibault, le frère de Jérôme qui – par la force des choses – devient un ersatz de Pierre Richard sur qui le sort s’acharne avec un acte final qui ose changer de tonalité pour un résultat entre humour et sérieux.

Si le scénario se contente de peu, le réalisateur se rattrape sur sa direction d’acteurs, permettant à Tarek Boudali de tirer la couverture sur lui sans en faire des tonnes, ce qui est appréciable, tout comme la place prise progressivement par Artus, dont la complémentarité avec son comparse fonctionne – donnant un minimum de corps à la dimension familiale du long-métrage. Parmi les seconds-rôles, si Camille Clément a la place nécessaire pour s’exprimer dans le rôle d’une traductrice/love interest, il est regrettable de constater la sous-utilisation de Louise Coldefy qui, en l’espace d’une seule séquence, remporte l’adhésion avec son abattage, démontrant par la même occasion que jouer la carte de la dérision et de la déraison.

Avec Menteur, Olivier Baroux reste à la surface d’un sujet qui demandait à ce que l’on y plonge franchement, se contentant d’être une comédie balisée alors qu’il y avait de la matière pour mettre l’accent sur l’absurde dérivant de son postulat.

© Gaumont

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