Après le raz-de-marée Spider-Man : No Way Home, qui a permis à l’industrie cinématographique de reprendre des couleurs niveau financier, Marvel Studios poursuit sa Phase 4 avec Doctor Strange in the […]
Après le raz-de-marée Spider-Man : No Way Home, qui a permis à l’industrie cinématographique de reprendre des couleurs niveau financier, Marvel Studios poursuit sa Phase 4 avec Doctor Strange in the Multiverse of Madness. Chapeauté par Sam Raimi et comprenant au casting Benedict Cumbarbatch, Elizabeth Olsen, Benedict Wong, Xochitl Gomez, Rachel McAdams ou encore Chiwetel Ejiofor ce second film-solo consacré à Stephen Strange est l’occasion de s’intéresser davantage à cette infinité de réalités qui composent le multiverse et d’y naviguer…
Se partageant entre le petit et le grand écran, la quatrième Phase trouve sa raison d’être en connectant finalement les pistes développées depuis son lancement concernant cette vaste thématique du multivers, introduite dans Loki, ainsi que d’autres éléments des séries de Disney +, à l’image de WandaVision. Une collusion qui pourra en perturber certains, qui n’avaient pas pour projet de s’intéresser à ces dernières, mais qui donne un sentiment de cohérence dans l’architecture de ce nouveau chapitre. Ainsi, après Spider-Man : No Way Home, cette suite de Doctor Strange prend un autre chemin de traverse pour nous expliciter cette notion de dimensions parallèles, ce qui ne pourra que diviser les aficionados du MCU – en soit un très bon point.
Avec Doctor Strange in the Multiverse of Madness s’ouvre ainsi un horizon des plus larges pour Marvel Studios, qui met les pieds dans un concept où la réalité se conjugue au pluriel, offrant de ce fait une caisse de résonnance plus large au niveau des enjeux. Un terrain de jeu s’étendant à perte de vue, préfigurant d’une exploration en long et en large dans un proche avenir, le but de Kevin Feige étant de ne pas griller toutes ses cartouches d’un coup. Preuve en est, le scénario tissé par Michael Waldron (le showrunner de Loki), qui se sert du Multiverse pour se cadrer sur une intrigue resserrée – une ironie qui suscitera à coup sûr des réactions, l’idée étant de se concentrer sur une étude de personnages, plongés au cœur du chaos. Ceux qui s’attendaient à une pluie de caméos feront grise mine mais l’intérêt du film est ailleurs, dans son conflit intrinsèque. Ici la ligne entre héros et méchant se voit brouillée sur l’échelle du chagrin et du désespoir, pour une escalade vers le côté obscur de la Force qui permet une légère modification de la formule.
Notre (ex) Sorcier Suprême se voit embarquer – sans avoir le temps de dire ouf – dans un rollercoaster qui oscille entre descente abruptes et loopings, alors qu’il croise le chemin de la jeune America Chavez, dont le pouvoir attire les convoitises. Pouvant voyager à travers les mondes, l’orpheline doit constamment fuir face à une menace qui lui est inconnue, mais qui ne l’est pas pour le public. Outre Strange et Wong, Wanda Maximoff est également de la partie où plutôt son alter-ego, la Sorcière Rouge. Dans une fuite en avant multiverselle, se dessine alors le parcours tragique d’êtres hors du commun devant accepter leur condition ainsi que leurs actions, cataclysmiques soient-elles. Si l’on devine trop aisément les grandes lignes de cette spirale infernale dans laquelle s’engouffrent -malencontreusement ou de plein gré – notre quatuor, l’expérience proposée aide à gommer ce défaut. Des coupes évidentes ont eu lieu en salle de montage, d’où le sentiment que l’on passe trop vite sur certains points, mais de ce point noir se distingue une volonté de renforcer la dimension humaine face à ce Multiverse nous tendant les bras – et au final, ce choix éditorial porte ses fruits.
Cette zone de flou concernant l’antagonisme de Wanda et Stephen sert à donner du corps à cette inéluctable force qu’est le destin, peu importe le camp dans lequel on se trouve. Que ce soit pour combler le vide de sa propre existence ou sauver des trillions de vies, les actions de chacun ont des conséquences, ce qui est démontré à grande échelle, par le biais de variants ou de massacres en bonne et due forme. Tout le monde peut basculer et devenir le monstre qu’il redoutait, un triste constat se faisant dans le sang et les larmes. Si quelques blagues – de mauvais goût – persistent, apprécions la retenue sur l’humour, Doctor Strange in the Multivers of Madness tirant profit de sa noirceur. La sorcellerie tient une place de choix dans ce second opus, venant bousculer le cahier des charges propres à Marvel en matière de narration, avec l’instauration d’une atmosphère plus adulte qui instaure un léger vent frais dans cette machinerie bien huilée qu’est le MCU.
D’où la bonne idée d’avoir convié Sam Raimi à cette aventure, le réalisateur réussissant à transposer un minimum sa patte au niveau de la mise en scène – ce qui est une victoire. Pour son retour dans l’écurie de la Maison des Idées, le cinéaste ne retrouve pas la maestria de sa trilogie Spider-Man mais s’en sort avec les honneurs, la folie émanant des exactions de la Sorcière Rouge l’inspirant. Beaucoup parleront de l’aspect horrifique de ce Doctor Strange, à raison, mais nous sommes loin de l’épouvante pure et dure, Raimi s’amusant surtout des contrainte d’un film tout public, pervertissant comme il faut l’imagerie lisse des productions Marvel Studios. Le papa d’Evil Dead et Jusqu’en Enfer démontre son savoir-faire puisque, même bridé par un Kevin Feige tout puissant, il parvient à instiller son style avec à la clé, sa caméra finissant par virevolter comme il se doit entre les univers, avec à la clé de belles trouvailles visuelles. Entre des mises à mort musclées, un combat musical ou encore l’apparition de spectres et zombies, le MCU innove et à l’écran cela fait du bien.
Si l’écriture ne suit pas toujours, la direction elle se charge de donner l’énergie nécessaire pour que l’on se laisse embarquer dans cette petite visite guidée dans le Multiverse, donnant la part belle à son casting, Benedict Cumberbatch ayant du matériel pour varier son jeu avec les différents Strange à sa disposition et Elizabeth Olsen pouvant laisser exploser la rage et la détresse de Wanda Maximoff – qui grâce à WandaVision et ce long-métrage confirme être l’un des personnages les plus intéressants à suivre actuellement dans le MCU.
Faisant fi de ses faiblesses scénaristiques, Doctor Strange in the Multiverse of Madness se veut une expérience chaotique bousculant un minimum le MCU grâce à Sam Raimi, qui nous offre une virée multiverselle macabrement folle.Maintenant que l’on perçoit la ligne directrice de Kevin Feige quant à l’exploitation du Multivers – qui n’en est qu’à ses balbutiements – le potentiel est là pour ouvrir plus amplement le champ des possibles.À suivre donc.