[Critique] Zaï Zaï Zaï Zaï, cavale en absurdie
Quelques mois après Le Discours, l’univers de Fabcaro poursuit son développement au cinéma, sa bande dessinée Zaï Zaï Zaï Zaï se voyant à son tour portée à l’écran. Mise en […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Quelques mois après Le Discours, l’univers de Fabcaro poursuit son développement au cinéma, sa bande dessinée Zaï Zaï Zaï Zaï se voyant à son tour portée à l’écran. Mise en […]
Quelques mois après Le Discours, l’univers de Fabcaro poursuit son développement au cinéma, sa bande dessinée Zaï Zaï Zaï Zaï se voyant à son tour portée à l’écran. Mise en scène par François Desagnat (La Beuze, Les Onze Commandements ou encore Adopte Un Veuf), cette adaptation comprenant notamment Jean-Paul Rouve, Julie Depardieu et Yolande Moreau nous fait suivre les tribulations de Fabrice, un acteur, qui voit sa vie partir en vrille après la non-présentation de sa carte de fidélité en magasin…
Trois ans après Le Gendre De Ma Vie, c’est un François Desagnat inspiré que nous retrouvons derrière la caméra, ce dernier signant avec Zaï Zaï Zaï Zaï une comédie réjouissante qui dézingue avec causticité les petits travers de notre société et de la sphère médiatique pour un voyage en absurdie qui ne manque pas de sel.
En s’accaparant l’oeuvre éponyme de Fabcaro, qu’il a adapté pour le cinéma avec l’aide du scénariste Jean-Luc Gaget, le réalisateur prend un plaisir certain à dénoncer les bassesses du genre humain, prolongeant le délire propre à la bande dessinée pour une comédie bête et méchante – dans le bon sens du terme bien évidemment, le grand n’importe auquel nous sommes conviés servant à nourrir une satire bien sentie sur les dérivés de notre système. Que les amateurs de l’auteur se rassurent, si des modifications sont au programme par rapport au modèle d’origine, passage du livre à l’écran oblige, dans son ensemble, l’esprit de l’auteur, tout en décalage et digressions, n’est pas dénaturé.
Si dans cette transposition nous ne sommes plus face à un auteur de BD mais à un acteur, les problèmes restent les mêmes pour ce cher Fabien, qui va être plongé en plein cauchemar suite à un dramatique changement de pantalon. Se rendant en grande surface pour faire quelques courses, notre homme va se rendre compte une fois arrivé en caisse qu’il a oublié sa carte de fidélité. Ce qui est banal – jusqu’à aujourd’hui en tout cas – dans notre monde, est vu comme un acte répréhensible dans celui du malheureux comédien. Armé d’un poireau, celui-ci prend la fuite face à cet affront et devient malgré lui l’ennemi public numéro un. S’engage alors une improbable cavale jusqu’au fin fond de la Lozère pour notre homme.
De ce postulat complètement insensé, François Desagnat nous entraîne dans une course-poursuite délirante aux côtés d’un Jean-Paul Rouve impeccable dans la peau de ce monsieur tout le monde complètement paumé tel un lapin devant les phares d’une voiture. La situation cocasse dans laquelle s’est fourrée Fabien permet ainsi de mettre en lumière les plus bas instincts de l’être humain, individualiste, raciste, profiteur, le tout dans une société consumériste aimant le sensationnalisme. La fuite en avant de notre fugitif est l’occasion pour le metteur en scène et son co-scénariste de tirer à boulets rouges sur le monde des médias, du spectacle, sans oublier de taper sur les forces de l’ordre et les activistes. Tout le monde en prend pour son grade, dans une atmosphère piquante.
Si l’accumulation de vignettes digressives impliquent un degré variable au niveau de la qualité des blagues et autres processus comiques, dans l’ensemble le délire tient la route sur la durée – malgré un petit relâchement en fin de parcours. Au final, le rire l’emporte et il y a de la matière pour que chacun s’y retrouve selon sa sensibilité, l’utilisation de l’absurde aidant à lâcher les rênes au niveau de la bienséance. C’est d’ailleurs dans sa propension à se montrer mordant que Zaï Zaï Zaï Zaï puise sa force. Ajoutons à cela un casting s’amusant à se montrer en mode second degré, avec entre autres un Ramzy Bedia en mode acteur studio ou une Yolande Moreau trucculente en bon flic/méchant flic – sans compter des apparitions surprises bien pensées – ce qui a de quoi ajouter de la substance à cet objet filmique lunaire.
Galvanisé par l’oeuvre qu’il porte à l’écran, François Desagnat prend un malin plaisir à mettre en scène ce grand n’importe quoi qu’est Zaï Zaï Zaï Zaï, nous offrant une satire à l’humour poil à gratter, qui parvient à retranscrire l’esprit si particulier de Fabcaro. Décalée et décapante, malgré un humour à géométrie variable, cette comédie absurde ne manque pas de piquant et mérite le coup d’œil.
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