[Critique] Borat : Le Film d’Après, this is America
Quatorze ans après Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, Sacha Baron Cohen est de retour dans la peau de Borat Sagdiyev pour un second long-métrage […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Quatorze ans après Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, Sacha Baron Cohen est de retour dans la peau de Borat Sagdiyev pour un second long-métrage […]
Quatorze ans après Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, Sacha Baron Cohen est de retour dans la peau de Borat Sagdiyev pour un second long-métrage centré sur les tribulations du quatrième meilleur journaliste kazakh. Accompagné de Maria Bakalova, le comédien revient donc aux Etats-Unis pour Borat : Le Film D’Après – L’incroyable subterfuge au régime américain pour mettre en lumière la nation du Kazakhstan, jadis glorieuse réalisé par Jason Woliner et disponible sur Amazon Prime Vidéo.
Choisissant une période pour le moins tendue, où le continent américain est on ne peut plus divisé, Sacha Baron Cohen tente de mettre un coup de pied dans la fourmilière et de déranger citoyens et politiques dans la peau de Borat, pour un nouvelle leçon culturelle qui se veut une satire mordante de notre société actuelle.
Si la première enquête de notre rustre journaliste avait fait sensation il y a quatorze ans, avec un mockumentaire malaisant mais particulièrement hilarant égratignant l’American Dream, le problème avec cette suite tardive est l’absence de réelle surprise, le monde actuel étant tellement parti en vrille en une décennie. Comment montrer avec drôlerie les dérives de la société quand celle-ci est visible aux yeux de tous, à travers les médias, les réseaux sociaux et tout autre outil de veille informationnelle ? Telle est la tâche difficile dans laquelle s’est lancé l’équipe de Borat : Le Film D’Après.
Mêlant fiction et réalité, nous reprenons contact avec notre cher reporter, qui est en bien fâcheuse posture suite à son escapade sur le territoire US, dont le succès a mis à mal l’image du Kazakhstan. Déshonoré, Borat Sagdiyev se voit offrir une chance de se racheter et de redorer le blason de sa nation, avec l’assignation d’une mission : retourner au pays de l’Oncle Sam pour donner un présent au vice-président des Etats-Unis, Mike Pence. Devant malgré lui chaperonner sa fille, Tutar, notre ancienne gloire de la télévision va se lancer avec sa progéniture dans un road-trip politiquement incorrect.
Disons le d’emblée, cette virée dans l’Amérique de Donald Trump n’est pas aussi mémorable que celle vécue au temps de George Bush, la faute – en plus du manque flagrant de surprise – d’un rythme inégal que l’on doit au manque d’homogénéité entre les sketchs et la partie scriptée. N’oubliant pas d’être irrévérencieux comme à son habitude, Sacha Baron Cohen n’y allant pas par quatre chemins pour dénoncer le président et son parti, de même que le peuple américain sauf que cette fois, la diatribe est moins efficace. Un défaut qui provient de l’écriture en demi-teinte qui, oscillant entre bon et mauvais goût – là encore une marque de fabrique de l’humoriste britannique – empêche le long-métrage de réellement décoller.
Si l’humour n’est pas des plus fins et qu’il fait rarement mouche, Borat : Le Film D’Après se laisse malgré tout suivre pour ses quelques fulgurances. Il y a tout d’abord la bonne idée de s’éloigner de temps à autres de Borat, désormais ancré dans la culture populaire, un choix permettant à Sacha Baron Cohen de camper de nouveaux personnages (dont Trump !) et de renouveler certaines caméras cachées, à l’image d’une consultation chez le médecin qui vaut le détour pour le double sens de ses dialogues ou encore d’une danse kazakh particulièrement ragoûtante, qui en fera rires certains et en dégoûtera d’autres. Ces séquences ne fonctionneraient pas sans la présence de Maria Bakalova, la bonne surprise du film.
Donnant du répondant à son homologue masculin, l’actrice navigue avec aisance dans cet univers trash caricatural et son interprétation de Tutar permet la mise en place d’un message féministe, critiquant à juste titre l’asservissement de la femme, une image rétrograde toujours d’actualité malheureusement. En parlant d’actualité justement, l’équipe s’est également débrouillée pour intégrer à son intrigue l’impact de la pandémie de coronavirus, qui s’est invitée en plein milieu du tournage et qui redonne au final un coup de fouet à ce portrait d’une Amérique déchirée où fake news et haine de l’autre deviennent la norme, nous montrant avec amertume qu’il n’y a pas qu’un virus qui fait malheureusement des ravages…
Moins percutant que son prédécesseur, Borat : Le Film D’Après s’avère être une suite en demi-teinte des aventures du journaliste kazakh le plus impertinent du monde. Malgré tous ses efforts, Sacha Baron Cohen a du mal à rivaliser face à un monde de plus en plus fou, ce qui se traduit ici par une série de pastilles humoristiques à la qualité variable, passant du bon au mauvais en un clin d’œil. Certaines séquences réhaussent le niveau mais dans son ensemble, cette leçon culturelle sur l’Amérique de Trump n’est pas ‘very nice’.