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[Critique] Nocturne, diabolique partition

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Après The Lie, Black Box et Evil Eye, l’anthologie Welcome To The Blumhouse achève sa première partie sur Amazon Prime Video avec Nocturne, thriller réalisé par Zu Quirke comprenant au casting Sydney Sweeney, Madison Iseman, Jacques Colimon, Ivan Shaw et Julie Benz, nous immisçant dans les couloirs d’une prestigieuse école d’arts où une rivalité entre sœurs va basculer vers le point de non retour…

Avec Nocturne, Zu Quirke tente de convoquer l’esprit de Dario Argento et de son Suspiria en choisissant comme cadre à son thriller le milieu artistique, permettant de mettre en les dérives propres à l’exigence de cet univers, le tout avec une teinte d’ésotérisme.

Nous sommes bien entendu à des années lumières de l’œuvre du maître du giallo mais cette plongée dans les couloirs d’un prestigieux institut essaye de se rapprocher de son atmosphère malaisante alors que quête de perfection et éléments horrifiques s’entrechoquent. Une référence bienvenue mais qui ne suffit pas pour nous embarquer totalement dans l’intrigue proposée, qui aurait gagné à capitaliser davantage sur son concept.

En effet la réalisatrice, qui officie également à l’écriture du scénario, avait une bonne idée de départ : celle de traiter du conditionnement des élèves dans le domaine artistique où l’excellence est la norme. La pression s’abattant sur les épaules de ces apprentis prodiges est si forte, que ceux-ci peuvent partir à la dérive, ce qui est le cas dans Nocturne avec le parcours de Juliet. Vivant dans l’ombre de sa soeur Vivian, qui étudie tout comme elle le piano au sein du même établissement, notre timide étudiante va céder aux sirènes de la jalousie et chercher à surpasser sa jumelle.

Si cette thématique de la rivalité est éculée – dans tous les genres qu’il soit – Zu Quirke veut y ajouter des éléments surnaturels pour y apporter du sang neuf, ce qui fait le sel de son long-métrage. Lorsque notre chère Juliet découvre un mystérieux cahier appartenant à une camarade de classe récemment décédée, une diabolique partition se met en place. Suivant malgré elle un cahier des charges démoniaque, notre musicienne va alors s’approcher de son objectif de perfection et entraîner sa sœur et ses proches dans une progressive descente aux enfers.

Cet épanouissement malsain, ne pouvant déboucher que sur un point de non retour, reste malheureusement balisé en préférant se concentrer sur des problématiques d’adolescents – dont un plombant triangle amoureux – plutôt que sur la dénonciation du danger inhérent à la pression imposée par les figures d’autorités (parents, professeurs) qui aurait permis au film de gagner en qualité. Ce qui aurait également pu aider à améliorer le niveau est la direction d’acteurs puisque même si Sydney Sweeney ne s’en sort pas si mal et que celle-ci parviennent à rendre un minimum crédible sa relation tumultueuse avec Madison Iseman, le reste de la distribution patine en ce qui concerne l’interprétation.

Ces balbutiements quant à la tonalité exacte à donner à Nocturne l’empêchent don de vraiment nous étonner alors qu’il y avait de la matière pour que la surprise soit au rendez-vous à commencer par le soin porté à l’horreur. Contrairement à ses homologues de Welcome To The Blumhouse, ce volet de l’anthologie jouit de réels effets destinés à déstabiliser le spectateur et même s’ils sont peu nombreux, ils sont présents via la réalisation de Zu Quirke qui parvient à instaurer une aura inquiétante, effet renforcé par le travail sur le son – entre mélodies harmonieuses et bruits étranges sortis de nulle part. Les quelques séquences ‘perturbantes’ distillées par la réalisatrice nous font d’ailleurs regretter qu’il n’y ait pas eu de basculement total dans l’épouvante, avec des idées de plans bien pensés. Dommage.

Avec Nocturne, Zu Quirke livre un thriller maladroit mais divertissant sur la quête de perfection, qui se laisse regarder pour ses éléments horrifiques plus que pour ses errements sur l’adolescence. Quoiqu’il en soit, c’est sur une note mitigée que s’achève la première cuvée de Welcome To The Blumhouse, qui aura été avare en tension et frissons. Rendez-vous courant 2021 pour voir ce que nous réserve la seconde cuvée.

© Amazon Studios