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[Critique] Shang-Chi Et La Légende Des Dix Anneaux, les péchés du père

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Deux mois après la sortie de Black Widow, la Phase 4 de l’Univers Cinématographique Marvel continue sur sa lancée avec Shang-Chi Et La Légende Des Anneaux, réalisé par Destin Daniel Cretton (State Of GraceLa Voie De La Justice) et comprenant au casting Simu Liu, Awkwafina, Tony Leung, Michelle Yeoh, Men’ger Zhang, Fala Chen, Ronny Chieng ou encore Florian Munteanu.

Comme il est de coutume, chaque nouvelle Phase du MCU est l’occasion d’introduire de nouveaux personnages au sein de la grande famille Marvel Studios. La Saga De L’Infini étant derrière nous, l’heure est venue de présenter au public Shang-Chi, super-héros asiatique maître du kung-fu à travers une incursion dans l’univers martial de la Maison des Idées, qui se décline une seconde fois à l’écran après la série Iron Fist, développée pour Netflix.

Se trouvant à la croisée des chemins après avoir conclu en grandes pompes son arc principal, Marvel Studios est en pleine période de transition, ce qui devrait l’amener à élargir ses horizons et tenter de sortir davantage de sa zone de confort. Ce que l’arrivée de talents comme Chloe Zhao et Sam Raimi tend à confirmer, les deux cinéastes étant attendus au tournant avec Les Eternels et Doctor Strange In The Multiverse Of Madness. Avant cela, Kevin Feige a confié au réalisateur Daniel Destin Cretton (State Of GraceLa Voie De La Justice) le soin de mener à bien cette toute première aventure de Shang-Chi, qui se devait de plaire aux marchés chinois et occidentaux – histoire de plaire au plus grand nombre et de réitérer l’exploit de Black Panther, précédent opus à mettre à l’honneur à la diversité. Un pari qui s’avère au final plutôt payant, apportant un semblant de vent frais au sein du MCU.

S’il doit composer avec les limites d’une origin-story et certaines maraudes made in Marvel, Shang-Chi Et La Légende Des Dix Anneaux ne ment pas sur la marchandise, se voulant un divertissement sans prétention, bénéficiant d’un bon capital sympathie, que l’on doit à la patte du metteur en scène et à l’investissement du casting. Comme son titre l’indique, le long-métrage évoque une organisation présente depuis les débuts de l’Univers Cinématographique Marvel – Les Dix Anneaux – apparue dès Iron Man de Jon Favreau. Si l’apparition de son leader, le Mandarin, n’était qu’un leurre dans Iron Man 3 de Shane Black – au grand dam des fans – il était finalement temps de traiter sérieusement de cet ennemi de l’ombre, qui a tout de même son importance. Ainsi, le voile se devait d’être levé sur l’organisation secrète et cette mise en lumière s’effectue à raison dans l’univers de Shang-Chi.

En décidant de se centrer en particulier sur les conflits inhérents au cercle familial du héros, le scénario, co-écrit par Daniel Destin Cretton, Dave Callaham ainsi que Andrew Lanham trouve le bon angle pour aider le public à se prendre au jeu et à se laisser embarquer dans le monde mystique ici dépeint. Ainsi, en oscillant entre passé et présent, le long-métrage nous présentent efficacement les enjeux qui nous accaparent, à savoir l’emprise néfaste d’un père sur ses enfants et les conséquences du deuil sur la psychologie de ceux touchés par un tel évènement. Des problématiques humaines, traitées convenablement même quand, blockbuster oblige, les échelles de grandeur s’amplifient avec des morceaux de bravoures en mode full-GCI, en particulier dans son dernier acte. Les zones d’ombres entourant Shang-Chi et ses proches sont ce qui font la force de ce premier volet consacré à notre maître du Kung-Fu, d’autant plus lorsque ceux-ci sont liées aux Dix Anneaux.

En modifiant une partie de l’ADN de notre expert en arts-martiaux, c’est à dire en le connectant personnellement à Xu Wenwu, alias LE Mandarin – contre Fu Manchu dans les comics – les scénaristes permettent de raccrocher quelques wagons mais également de donner une teneur nouvelle à ce célèbre ennemi dans cette version cinématographique, moins machiavélique, plus nuancée, ce qui ajoute un intérêt certain aux drames se nouant à l’écran. En vingt-cinq opus, rares ont été les méchants à s’être réellement démarqués au sein de l’Univers Cinématographique Marvel, Wenwu venant s’ajouter à cette sort-list. De son attrait pour le pouvoir à sa romance avec Ying Li, notre bad guy navigue entre l’obscurité et la lumière, pour mieux se replonger dans les ténèbres lorsque l’amour de sa vie disparaît tragiquement, l’amenant à amener sa progéniture sur le même chemin qu’il a suivi il y a de cela des millénaires. Les péchés de ce père pour le moins trouble sont les éléments servant de moteur à Shang-Chi Et La Légende Des Dix Anneaux, ce dernier se rappelant au bon souvenir de son fils – et de sa fille – après des années de séparation.

De la côte Ouest des Etats-Unis au Pays du Soleil Levant, la quête réunissant cette famille brisée permet à l’équipe créative de s’engager sur le sentier du mysticisme, ce que permet cette virée dans le monde de Shang-Chi. En s’inspirant de la culture asiatique et de son folklore, le film offre un minimum de dépaysement et change quelque peu sa formule, avec créatures magiques et Kaiju en guise d’attractions destinés à plaire au plus large panel possible. Des éléments fantastiques qui viennent agrémenter le voyage identitaire de notre personnage principal, qui doit trouver sa voie et accepter son destin de héros – venant ainsi s’opposer au spectre paternel. De quoi ajouter une dose de piment à une trame classique, qui est tout de même écrite convenablement grâce à cet élément humain mis en avant par co-écrit par Daniel Destin Cretton. Ce qui transparaît dans la partition du casting, Simu Liu se débrouillant plutôt bien pour ses premiers pas dans la peau de Shang-Chi, la sincérité de son implication aidant à en faire un héros attachant. Dans l’ensemble, il faut reconnaître que capital sympathie de la distribution joue en faveur du film, entre une Awkwafina sympathique en sidekick comique et les performances de Men’ger Zhang ou encore Fala Chen. A leurs côtés, il est plaisant de voir des pointures du cinéma telles que Michelle Yeoh, toujours convaincante mais surtout Tony Leung, qui est au-dessus de la mêlée dans le rôle de Xu Wenwu – un méchant charismatique et ambigu.

Ajoutons à cela la mise en scène plutôt maitrisée du réalisateur, qui se nourrit du cinéma HK pour apporter de la fraîcheur aux scènes d’actions, avec notamment une séquence introductive convoquant l’esprit de Tigre Et Dragon ou encore un passage musclé dans un bus bénéficiant d’une chorégraphie soignée, que l’on doit au regretté Bradley James Allan, qui a géré les cascades d’une main de maître puisque l’un des atouts majeurs du long-métrage. L’efficacité des combats vient contraster avec les quelques ratés au niveau des effets spéciaux, en particulier dans un dernier acte généreux en CGI.

Si la recette reste globalement la même, Shang-Chi Et La Légende Des Dix Anneaux parvient à se démarquer quelque peu du carcan du MCU en modifiant quelques ingrédients. En y mettant du coeur à l’ouvrage, Daniel Destin Cretton s’en sortant honorablement avec cette origin-story sympathique à suivre, nous introduisant avec énergie à l’univers martial de Marvel.

© Marvel Studios