Archives par étiquette : Bella Heathcote

[Critique] Relic, vieillesse ennemie

Publicités

Après une série de courts et de clips, la réalisatrice Natalie Erika James s’attaque à son premier long-métrage avec Relic, comprenant Emily Mortimer, Bella Heathcote ou encore Robyn Nevin au casting et nous entraînant dans la quête d’une mère et sa fille pour retrouver la matriarche de leur famille, qui ne donne plus signe de vie…

Premier essai prometteur pour Natalie Erika James qui, avec Relic, prend possession des codes horrifiques pour traiter d’un sujet profondément humain et terre à terre, à savoir la vieillesse et ses conséquences sur soi-même et ses proches.

Privilégiant la mise en place d’une atmosphère lugubre, la réalisatrice nous embarque dans un premier temps dans une affaire de disparition afin de mieux mettre en avant les relations entre nos principales protagonistes. Ainsi, le scénario qu’elle a co-écrit avec Christian White prend son temps pour nous exposer la question au cœur des enjeux de Relic : Que devons-nous faire pour accompagner au mieux nos aînés arrivés au crépuscule de leur vie ? Une interrogation pertinente, qui parle à tout le monde et créé de ce fait une forme de compassion quant à l’expérience vécue par notre trio central.

Nous voici ainsi introduits à Kay et sa fille Sam, partis à la recherche d’Edna, mère de la première – portée disparue. A travers leur recherche nous est exposé les difficultés liés au soin de nos proches. Ici, nos trois générations de femmes sont mis face à cette dure réalité alors que tout porte à croire que la matriarche de la famille perd pied et se rapproche de la sénilité, ne paraissant plus à même de vivre seule dans sa grande maison, isolée de tout. De la culpabilité des enfants, dans l’incompréhension face à la décadence de l’être aimé, à la passivité/agressivité du parent arrivé au crépuscule de sa vie, le scénario creuse se concentre avant tout l’aspect humain avant de basculer dans l’épouvante.

Cette approche intimiste et dramatique constitue la force du long-métrage, la thématique de la fin de vie étant sensible et résonnant de manière particulière dans l’esprit de chacun. Nul besoin de nombreux artifices horrifiques pour nous effrayer face au spectre de la mort et à la décrépitude de notre corps. Natalie Erika James joue d’ailleurs sur les métaphores dans la seconde partie de Relic, la condition d’Edna symbolisant ce rapport à la morbidité et nous plongeant progressivement vers l’inéluctable. Si certains ressorts du genre sont attendus, visuellement parlants, laissant peu de place à la surprise, on peut tout de même apprécié la mise en scène poisseuse de la réalisatrice, détériorant son décor principal pour nous témoigner de la dégénérescence de la situation, un choix ajoutant un cachet non négligeable à cette atmosphère blafarde et glauque précédemment établie.

Ce qui fonctionne en premier lieu et nous embarque petit à petit dans cette lente descente vers le dernier sommeil est la volonté d’apporter une touche d’émotion, se traduisant par une très bonne direction d’acteur, permettant à Emily Mortimer et Bella Heathcote de composer avec les nuances de leurs personnages et de se montrer à fleur de peau, ce qui offre un contre-poids à la prestation sombre et glaçante de Robyn Nevin, qui instaure aisément un sentiment de malaise et rend crédible le basculement de cette pauvre Edna.

Non exempt de défauts, Relic reste tout de même une sympathique surprise, Natalie Erika James apportant un léger vent de fraîcheur dans le monde actuel de l’horreur avec cette première réalisation qui fonctionne grâce à ses enjeux humains. S’imprégnant des codes du genre pour nous témoigner des affres de la vieillesse et noirceur propre à la fin de vie, la réalisatrice fait mouche et signe un premier essai concluant.

© Star Invest Films France