Cinq ans après Fallout, la franchise Mission : Impossible se rappelle au bon souvenir de ses fans avec un septième opus servant de point de départ à un diptyque. Sous-titré Dead Reckoning, cet épisode en deux parties de nouveau chapeauté par Christopher McQuarrie voit Tom Cruise et son équipe composée de Ving Rhames, Simon Pegg, Rebecca Ferguson être rejoints par Vanessa Kirby, Hayley Atwell, Shea Whigham, Pom Klementieff ou encore Henry Czerny. Au programme pour Ethan Hunt et l’IMF, la traque d’une arme attisant toutes les convoitises, l’Entité…

Parmi les récents blockbusters s’étant adonnés à la mode du long-métrage découpé en deux parties, celui qui paraissait le plus à même de le faire était Mission : Impossible, ce format feuilletonnant rappelant son illustre modèle télévisé. Ce qui n’a pas échappé à Christopher McQuarrie qui, depuis sa reprise en main de la saga avec Rogue Nation, multiplie les ramifications et les fils rouges histoire de donner davantage de liant aux quêtes d’Ethan Hunt et de ses coéquipiers. Par conséquent, la suite logique de son exploration du lore M:I ne pouvait être que la mise en place d’un simulacre de fin de saison, ce qui s’avère être le cas avec Dead Reckoning, dont la première partie pose les jalons d’une intrigue plus ambitieuse qu’à l’accoutumée – synonyme d’évolution mythologiquement parlant.

L’impression d’assister à l’aube d’une nouvelle ère se fait prégnante tandis que le cinéaste et son coscénariste Erik Jendresen mettent en place un duel à la David contre Goliath, où l’IMF se retrouve face à un ennemi imprévisible, constitué non pas de chair et d’os mais de zéros et de uns. Un choix pertinent et à la résonnance particulière en cette période troublée dans l’industrie cinématographique, avec cette fameuse question de la réglementation de l’IA qui inquiète scénaristes et acteurs. Une menace fantôme ayant la lourde tâche de donner du fil à retordre à nos personnages et d’instaurer un climat instable, la dimension intangible de cette dernière ayant le pouvoir de changer la donne en terme de dramaturgie. Ce dont témoigne avec efficacité la scène inaugurale du film, donnant le ton d’une mission où il ne faudra présager de rien, les certitudes pouvant être balayées d’un revers de la main face à une machine pouvant prédire tous les faits et gestes de chacun.

Un postulat pour le moins intriguant même si le sujet n’est plus si novateur à Hollywood mais avec le tandem McQuarrie/Cruise, l’assurance que celui-ci soit abordé de la manière la plus divertissante possible fait qu’il y avait de quoi partir confiant. Il faut dire que voir Ethan Hunt se démener pour éviter d’être mis en mode échec par l’intelligence artificielle est un programme pouvant s’avérer alléchant sur le papier. Au final, est-ce vraiment le cas ?

Si l’on peut lui reprocher une fausse complexité, en soit l’intrigue étant des plus simplistes, cette première partie de Dead Reckoning tire malgré tout profit de sa durée (deux heures quarante) pour se faire plaisir en terme d’action, ici le but du réalisateur étant clair, en mettre plein la rétine. Les limites de l’exercice du dyptique se sont parfois ressentir, les enjeux ayant gagné à être plus précis et le scénario plus resserré structurellement parlant – et éviter des tunnels de dialogues quelques peu creux – la quête nous accaparant étant de base limpide. Face à une Entité hors de contrôle, pouvant faire bousculer l’ordre établi, la tentation est forte pour nos chers organismes gouvernementaux et services d’espionnages de chercher un moyen de dompter la bête échappée des griffes de son maître. C’était sans compter sur l’équipe de Mission : Impossible, qui veut tout simplement couper la tête de cette créature virtuelle avant qu’il ne soit trop tard.

Pour s’y faire, il suffit de trouver le jeu de clé nécessaire pour désactiver la machine infernale. Mais plus facile à dire qu’à faire, comme vont s’en rendre compte Ethan et les siens. Traqués à la fois par la CIA ou encore l’Entité et son sbire, une figure du passé de notre héros – un point restant flou pour le moment – nos agents doivent jouer à l’ancienne et ne compter que sur eux-mêmes et leurs rares alliés pour avancer sur l’échiquier, le tout pour une manche où les dés sont truqués par un nemesis tout-puissant. Une manière pour nos scénaristes de sans cesse mettre des bâtons dans les roues des protagonistes et de densifier (artificiellement) la mission avec l’ajout de nouveaux venus. Ce qui créé un léger embouteillage et de temps à autres de la confusion, surtout quand niveau rôle féminins, nous assistons à un changement plutôt malvenu. En effet, même si Hayley Atwell s’en sort haut la main dans la peau de Grace, l’attraction principal de cet opus – qui clairement tient tête à Tom Cruise et vole la vedette à tout le monde – dommage que cela se fasse au détriment de l’iconique Isla Faust, reléguée on-ne-sait-pourquoi au second plan. Clairement le point noir du métrage, laissant un amer goût de gâchis en bouche…

Heureusement, pour palier à ces fluctuations qualitatives inhérentes au scénario, Christopher McQuarrie sort l’artillerie lourde question mise en scène et s’en donne à cœur joie, sautant sur l’occasion pour laisser respirer ses scènes clés afin d’en mettre plein les mirettes aux spectateurs. Mission accomplie donc, puisque l’on retient de ce volet la séquence tendue dans l’aéroport d’Abu Dhabi, la généreuse poursuite dans les rues de Rome, la course désespérée d’Ethan à Venise et bien entendu l’acte final où voyager à bord de l’Orient-Express n’a jamais été aussi périlleux. Ironiquement, la cascade phare orchestrée par un Tom Cruise toujours ravi de se mettre en danger n’est pas le passage le plus spectaculaire de cet épisode, preuve que niveau action, nous avons été servis. Soit un exploit quand on se rappelle que la production a été maintes fois perturbée par la pandémie, laissant craindre à des concessions avec un tournage plusieurs fois arrêté et ce dans plusieurs pays.

Si nous ne sommes pas sur l’intrigue la mieux calibrée de la saga – ce qui pourra être revu à la hausse une fois la suite sortie – Mission : Impossible – Dead Reckoning (Partie 1) donne le change en terme de divertissement, Christopher McQuarrie et Tom Cruise se démenant pour proposer un spectacle grisant en terme d’action et de mise en scène. Le tandem sa donne toujours à fond pour ravir leur public et cela fonctionne à l’écran.

© Paramount Pictures

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