Passé un premier volume se centrant sur des productions provenant des sept plus grands studios d’animations japonais, Star Wars : Visions a élargi son concept avec son second volume et a pris une toute nouvelle envergure en laissant la création de George Lucas entre les mains de réalisateurs et scénaristes travaillant sur les sept continents. Parmi les studios engagés sur ce projet intergalactique, La Cachette, entreprise française à qui l’on doit l’épisode L’Espionne qui dansait, chapeauté par Julien Chheng.

À l’occasion de la sortie de ce volume 2 sur la plateforme Disney +, SeriesDeFilms a pu s’entretenir avec le scénariste et réalisateur, également co-fondateur de La Cachette.

Après Love, Death & Robot puis Primal, vous voilà désormais associé à l’univers Star Wars. Comment avez-vous été contacté par les équipes de Lucasfilm pour prendre part à l’aventure Star Wars : Visions ?

Alors que nous étions sur les productions Primal saison 2, Unicorn : Warriors Eternal et Ernest en Célestine, Le Voyage en Charabie, nous avons reçu un email des producteurs exécutif de Lucasfilm, James Vaugh, Jacqui Lopez et Josh Rimes, qui nous ont demandé si cela nous intéresserait de participer à Visions Volume 2. Le genre de proposition qu’on ne peut tout simplement pas refuser! Ils nous ont expliqué que contrairement au Volume 1, cette nouvelle saison allait proposer à des studios du monde entier de créer librement leur “vision” de Starwars. C’est à dire inventer l’histoire, les personnages, tout créer de A à Z. Et qu’ils voulaient que l’un des films soit français! Avant d’être sûr de faire le film, il nous fallait d’abord proposer des pitchs d’histoire, et qu’ils en choisissent une! Donc on a commencé très tôt sur ce projet à se mettre beaucoup de pression sur les épaules.

Comment s’est passé votre collaboration avec la compagnie ? Y a t-il un cahier des charges précis à respecter ou avez-vous eu une grande liberté artistique en matière d’écriture et de mise en scène ?

Aujourd’hui on ne réalise toujours pas ! Malgré nos presque 10 ans d’existence, c’est la première fois qu’on nous fait confiance sur un projet de cette renommée. La liberté a été totale de la part de Lucasfilm, ce qui a été très libérateur et en même temps très intimidant. Depuis l’écriture, en passant par la direction artistique, jusqu’à la mise en scène, nous avons pu faire ce que nous voulions. Je crois que le but pour eux était vraiment que les différents studios proposent leur version la plus personnelle de l’univers Star Wars, qui puissent justement transpirer la culture et le savoir-faire des différents pays impliqués. Nous avions juste la contrainte de livrer le film sur à peu près un an de production, et avec ce temps et le budget alloué, cela nous a tous cadré d’une certaine matière sur un format de onze à seize minutes.

Ce qui est plaisant avec Star Wars : Visions est cette volonté d’élargir les horizons de la franchise et de laisser apparaître la patte de chaque studio. D’ailleurs votre épisode à une petite vibe bien française avec la finesse du trait en terme de dessin et cette intrigue d’espionnage semblable à celle de Mata Hari. Quel ont-été les étapes de votre brainstorming avec les équipes du studio La Cachette, que vous avez co-fondé ?

Dès le début, l’intention pour le film à laquelle je tenais beaucoup, était de raconter une histoire qui est du coeur, intime, centrée sur le drame d’une mère qui a perdu son enfant, et le retrouve des années plus tard, passé du côté de l’ennemi. Je voulais que nous racontions une vraie histoire autour de personnages vraiment incarnés, dont on puisse sentir le passé, les douleurs, leur conflit interne de devoir sourire tous les soirs face à l’envahisseur. Et que le film puisse fonctionner, même si on retirait tous les éléments de l’univers Star Wars. Avec Gabrielle d’Andrimont, ma co-scénariste, nous avons donc trouvé ensemble ce concept de danseuse espion inspiré de la France sous occupation qui se trouvait être parfaitement adaptable dans l’univers Star Wars. Avec Oussama, Ulysse, Erika, Chorok nous faisions des points sur l’histoire pour améliorer les dialogues ou certains passages. Cela a été la période la plus compliquée et intense de la fabrication du film, ce qui est normal dans le processus de création.

Maintenant que vous faites parti intégrante de la famille Star Wars, quelles périodes de la franchise ou quels types de récits aimeriez-vous explorer si jamais l’on vous rappelle pour un nouveau comme Visions ?

Il y en a tellement! Ce serait impossible de lister tout ce qu’on aimerait explorer dans le “lore” Star Wars. Rien que si l’on se penche sur les différents aspects de la Résistance, il y a énormément d’histoire à raconter, locales, plus terrienne et engageante. A côté de ça, c’est une rêve aussi de s’imagine chorégraphier des intrigues mettant en scène des Jedi, ou des personnages mythiques de la saga.

Passée cette expérience dans cette galaxie lointaine, très lointaine, quels sont les prochains projets de La Cachette ?

Nous avons fondé le studio depuis bientôt 10 ans, et nous arrivons enfin à ce stade de maturité où nous allons produire nos propres oeuvres originales! Notre première série à sortir cette année est “Le Collège Noir”, adaptée de la bande dessinée, réalisée par Ulysse Malassagne. Nous aurons aussi la série “Mehdi, Avis de passage”, écrite et réalisée par Oussama Bouacheria. Et de mon côté je développe mon prochain projet de long-métrage qui s’intitule pour l’instant “Mu Yi”. En parallèle, nous voulons continuer de fabriquer des projets coups de coeur, comme les séries de Genndy Tartakovsky “Primal” et “Unicorn : Warriors Eternal” et tout autre projet de court métrage, long format ou série qui serait pour nous irrefusable.

Propos recueillis par Romain Derveaux

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