Une décennie après Astérix & Obélix : Au Service De Sa Majesté, nos irréductibles gaulois (re)font leur cinéma, se rappelant au bon souvenir du public avec un cinquième long-métrage en live action, sous-titré L’Empire du Milieu, mis en scène par Guillaume Canet. Officiant devant et derrière la caméra, le comédien/réalisateur s’embarque en compagnie de son camarade Gilles Lellouche et d’un parterre de stars – incluant notamment Marion Cotillard, Vincent Cassel, Jonathan Cohen, Julie Chen, José Garcia, Ramzy Bedia ou encore Pierre Richard – dans une aventure de taille, amenant les héros de Goscinny et Uderzo vers le pays du Soleil Levant pour une mission de sauvetage capitale…

Depuis le milieu des années 60, Astérix en aura connu des hauts et des bas au cinéma entre les films d’animations et les adaptations live. Dans ce domaine, la majorité des réalisateurs s’étant frottés à l’univers de Goscinny et Uderzo s’y sont cassés les dents, le seul ayant réussi l’exercice restant à ce jour Alain Chabat avec Mission Cléopâtre. Vingt-et-un an et deux opus après cet exploit, Guillaume Canet tente lui aussi sa chance avec Astérix & Obélix : L’Empire du Milieu, une aventure de nos irréductibles gaulois se basant sur du matériel inédit, ce qui avait de quoi amener la franchise vers de nouveaux horizons. Malheureusement, pas de renouvellement au programme avec ce cinquième épisode, qui verse maladroitement divers ingrédients dans sa potion magique avec l’espoir de gagner en efficacité, un tâtonnement rendant au final la concoction quelque peu indigeste.

La super-production apporte une preuve supplémentaire que pour s’attaquer à Astérix, il faut être sacrément armé et inspiré, à défaut de s’enliser progressivement dans une tambouille manquant cruellement de saveur. Certes, la pandémie de COVID-19 a bouleversé les plans de Guillaume Canet, qui comptait initialement tourner son long-métrage sur le territoire chinois, mais même sans cette problématique n’étant pas de son ressort, le cinéaste ne pouvait faire de réel miracle à cause d’un défaut de taille : son écriture. Une balance doit être trouvée pour que l’esprit du tandem Goscinny/Uderzo coexiste avec la patte de l’équipe en charge du projet, ce qui n’est pas une tâche aisée – comme nous en avons collectivement fait l’expérience lors des précédents volets. Beaucoup se souviennent d’Astérix aux Jeux Olympiques et de Astérix & Obélix : Au Service De Sa Majesté pour leurs innombrables défauts, où le scénario tournait rapidement à vide pour laisser place à un défilé de caméos cinq étoiles, sans réelle volonté d’approfondir les enjeux esquissés ni de dérider les zygomatiques. La trajectoire a t-elle été rectifiée passés ces deux tirs ratés ?

En partant d’une page vierge, Philippe Mechelen, Julien Hervé et Guillaume Canet – qui ont uni leur plume – se retrouvaient face à un terrain de jeu non balisé, ce qui pouvait les amener à prendre un minimum de risque et expérimenter de nouvelles choses. Quand la princesse Fu Yi, fille de l’Impératrice de Chine échappe de peu à un coup d’état – fomenté par l’infâme Den Tsin Qin – cette dernière trouve refuge dans le village de nos héros, qui acceptent de lui venir en aide et de sauver sa mère ainsi que son peuple. Ce qui donne le top départ des tribulations de nos gaulois, coups de cœur, coups de griffes et coups de cœur ponctuant une équipée sauvage à travers le continent Eurasien. Hélas, trois fois hélas, si l’intrigue tissée avait un potentiel certain, cette mission de sauvetage amenant notre duo éponyme au coeur du Céleste Empire ne nous invite pas au voyage. Loin de là. Si répéter les erreurs de passé n’était pas suffisant, le trio de scénaristes loupe également le coche concernant l’humour, les ressorts comiques utilisés étant pour la plupart datés.

Entre des personnages clichés, des caméos peu inspirés (s’articulant sur un canevas unique) et des vannes tombant à plat tel un romain après une bonne raclée, il n’y a que trop peu à se mettre sous la dent. Les quelques rares idées disséminées ci-et-là comme la relation entre Obélix et le personnage de Tat Han ou encore les déboires de Jules César se voient noyées dans un océan de décisions créatives douteuses, ce qui plombe l’efficacité de l’histoire. Même au niveau de la direction d’acteurs, des soucis sont à noter, la majorité du casting ne paraissant pas à sa place – à commencer par Guillaume Canet dans la peau d’Astérix. Si Jonathan Cohen et Ramzy restent dans leur registre habituel, que Marion Cotillard surjoue et que José Garcia est en roue libre, une seule personne semble à l’aise dans son rôle. Gilles Lellouche, l’atout principal de L’Empire du Milieu, ayant capté l’essence d’Obélix pour ne faire qu’un avec lui. La relève de Gérard Depardieu est assurée haut la main. Au moins un véritable point positif par Toutatis. En fait deux, la bande originale composée par Mathieu Chédid étant agréable à l’oreille.

Comme craint, Astérix & Obélix : L’Empire du Milieu démontre une fois de plus de la difficulté d’adapter l’œuvre culte de Goscinny et Uderzo, Guillaume Canet se laissant embourber dans une superproduction manquant cruellement d’âme – et d’humour. Dans le domaine du live action, nos intrépides gaulois font décidemment face à un os.

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