Cinq ans après Un Sac de billes, Christian Duguay effectue son retour sur grand écran avec une nouvelle adaptation, celle de Tempête au haras roman jeunesse écrit par Christopher Donner. Comprenant au casting Mélanie Laurent, Pio Marmaï, Kacey Mottet Klein, Carmen Kassovitz, Danny Huston ou encore Carole Bouquet, le long-métrage – présenté en avant-première lors de la vingt-troisième édition de l’Arras Film Festival – se concentre sur le parcours de Zoé, jeune fille passionnée par les chevaux voyant son rêve de devenir jockey s’éloigner à la suite d’un accident…

Continuant à créer une passerelle entre littérature et cinéma, Christophe Duguay prend le départ d’un projet d’envergure avec Tempête, une fresque familiale trottant sur terre battue pour amener le public sur la piste d’une course tumultueuse où les obstacles s’accumulent pour susciter l’émotion des jeunes de sept à soixante-dix-sept ans. Le tout pour une aventure à fleur de peau prenant le pas d’une immersion dans le milieu hippique, où la combativité ainsi que la résilience sont mises à rude épreuve.

S’il prend des libertés avec l’ouvrage de Christophe Donner, notamment concernant le sexe du personnage principal, le réalisateur ne trahit aucunement l’essence même de l’histoire originale, où l’abnégation triomphe de l’adversité – peu importe les épreuves subies. Un sens de la persévérance se retrouvant dans le scénario tissé par ce dernier aux côtés de Lilou Fogli, qui sa partage entre deux faces d’une même pièce afin de mieux structurer les enjeux progressivement esquissés, qui s’appuient avant tout sur un drame humain pour avancer. Nous entraînant dans les coulisses du monde équin, le long-métrage multiplie les points de vue pour dresser une chronique familiale aux effluves romanesques, où les coups bas et les coups du sort redistribuent constamment les cartes jusqu’à la ligne d’arrivée.

Le chemin vers la victoire est pavée d’embûches, la moindre chute pouvant tout faire basculer, ce qui est la trame de Tempête, qui s’intéresse à la trajectoire de gérants d’un haras, devant gérer leurs problèmes professionnels et personnels alors qu’un accident de la vie va assombrir leurs perspectives d’avenir. Si les difficultés à entraîner la pouliche qui les amènera sur la plus haute marche du podium n’étaient pas suffisantes, la tragédie touchant la petite Zoé – l’héroïne du film – vient accentuer avec fracas une période de disette aussi bien dans les écuries que sur le champ de course. Pour parents et enfants, se relever prendra du temps, leurs rêves s’éloignant sous l’impact d’une nuit d’orage fatidique. Une phase de reconstruction débute alors pour les piliers de cette tribu, devant littéralement se remettre en selle pour sortir d’une spirale ne semblant pas vouloir s’arrêter.

Si l’on pourra regretter que l’intrigue finisse par s’éparpiller en s’étalant sur près de deux heures, Tempête n’en reste pas moins un divertissement honnête, se donnant les moyens de ses ambitions. Malgré quelques ralentissements en milieu de piste, le parcours de Zoé et des siens vers de meilleurs lendemains reste digne d’intérêt, nos protagonistes étant attachants – la partition collégiale de Pio Marmaï, Mélanie Laurent, Kacey Mottet Klein, Carmen Kassovitz aidant à croire en cette cellule familiale devant faire preuve de résilience face aux défis se présentant à eux. Autre point intéressant, la peinture établie du milieu professionnel hippique, où le profit règne en maître, ce qui a de quoi renforcer l’aura de la fratrie, faisant figure d’outsider dans cet univers cynique. Au niveau de la mise en scène, Christophe Duguay s’en sort bien mieux qu’à l’écriture, le cinéaste lâchant les rênes afin de galoper avec grâce dans un univers qu’il connait bien depuis Jappeloup. Privilégiant les plans larges, le réalisateur donne du cachet au microcosme dans lequel il nous immerge, qui baigne dans une photographie lumineuse – réussissant à être dynamique dans les différentes séquences de courses proposées, sa caméra virevoltant sur la piste avec des résultat probants.

S’immergeant de nouveau dans le milieu hippique, Christian Duguay trotte vers le drame avec Tempête, l’histoire d’une lente reconstruction ponctuée obstacles – devant son capital sympathie à la partition de son casting.

© La petite boîte

2 commentaires »

Répondre à Romain RousseauAnnuler la réponse.