Passé une tournée remarquée dans les festivals de genre du monde entier, l’heure est finalement venue pour The Sadness d’étendre son aura dans les salles obscures. Comprenant au casting Regina Lei, Tzu-Chiang Wang, Berant Zhu, Ying-Ru Chen, Wei-Hua Lan ou encore Lue-Keng Huang, ce premier long-métrage du réalisateur Rob Jabbaz – attendu pour le 6 juillet sur grand écran – nous plonge ainsi dans l’enfer d’une île de Taïwan en proie à un mal dévastant tout sur son passage…Âmes sensibles s’abstenir.

Pour son arrivée dans le paysage horrifique, Rob Jabbaz frappe fort, le cinéaste ne se refusant aucun excès pour capter l’attention de son auditoire, marquant ainsi les esprits avec son premier essai – The Sadness – un conte macabre n’hésitant pas à pousser le curseur du mauvais goût à son maximum pour toucher à son but : marquer les esprits. Un pari qui s’avère réussi dans la mesure où la virée chaotique proposée ne peut laisser personne indifférent, que ce soit en bien ou en mal.

En résulte un film de sale gosse, trouvant sa raison d’être uniquement dans l’expression de l’anarchie la plus totale, donnant ainsi lieu à un festival de violence décomplexée. Puisant son inspiration à la fois dans la fiction de même que dans notre triste réalité, se référant à la série de comics Crossed, – créé par le tandem Garth Ennis/Jacen Burrows – tout en se servant de la pandémie actuelle continuant de nous impacter collectivement, Jabbaz met en place une mise à mort du monde d’avant, dans un spectacle qui tâche, qui éclabousse sans chercher à limiter ses effets. Seul maître à bord, ce dernier allume la mèche d’un ‘splatter movie’ faisant office de bombe à fragmentation, dont les éclats provoquent des dégâts irrémédiables. Si la vue de corps en piteux état vous provoque des hauts le cœur, passez votre chemin.

Ne cherchant aucunement à faire dans la dentelle, The Sadness se veut une œuvre nihiliste s’évertuant à nous montrer que l’espoir n’est qu’une chimère dans un contexte politico-sanitaire où le contrôle ne sert qu’à retarder l’inéluctable. Ici, le relâchement de la population taïwanaise face à un virus censé avoir perdu de sa virulence, le bien-nommé Alvin, sert d’élément déclencheur à la chute pure et simple de l’humanité. Ici, le relâchement de la population taïwanaise face à un virus censé avoir perdu de sa virulence, le bien-nommé Alvin, sert d’élément déclencheur à la chute pure et simple de l’humanité – avec l’émergence d’un incontrôlable variant, se propageant à vitesse grand V. Ce que le spectateur constate avec stupeur en même temps que Jim et Kat, le couple central du long-métrage, voyant chacun de leur côté le monde se dérober sous leurs pieds. En se concentrant sur un schéma basique, le scénario joue avec les attentes qui en dérivent naturellement, avec en ligne de mire une réunion entre nos protagonistes, séparés géographiquement.

De leur chemin de croix personnel, se dévoile toute l’atrocité d’une société se laissant aller à ses plus bas instincts, s’éteignant dans la décadence la plus totale. En découle un ersatz du Jour des Morts-Vivants, où la déshumanisation s’accompagne d’un déchaînement de sauvagerie en bonne et due forme. Faisant fi de toute subtilité, Rob Jabbaz s’engouffre dans le boulevard qu’il s’est lui-même offert, trépignant à l’idée de verser dans le gore. Que ce soit dans les rues, les transports en commun, les établissements publiques, l’horreur s’amplifie à ciel ouvert, le sang coulant à flots, de même que les organes. La folie s’imprègne progressivement dans chaque pore de la pellicule, afin de laisser éructer la barbarie, dans une ambiance régressive tendant vers la farce.

Un sens de l’exagération qui fait de The Sadness cette attraction complètement foutraque prenant des virages serrés sans se soucier de la sécurité des visiteurs. Le sadisme monte crescendo pour s’achever dans un dernier acte soufflant le chaud et le froid sa dimension immorale, s’éclatant dans la provocation, avec une orgie sanguinolente en dessert tout en se perdant quelque peu dans sa narration. Quoiqu’il en soit, si le dosage n’est pas toujours maîtrisé en terme de grandiloquence, le réalisateur qui prend un plaisir non dissimulé à semer les graines du chaos et à regarder l’incendie qu’il a provoqué.

Avec The Sadness, Rob Jabbaz débarque avec fracas dans le microcosme horrifique, se mettant aux manettes d’une ruée vers le chaos où la décadence est reine, ne ménageant pas ses effets – trash – pour en mettre plein la vue, quitte à virer dans le grand-guignolesque. En clair, un premier film qui ne peut que faire réagir, ce qui est le but recherché.

ESC Films

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