Chaque année, Series Mania est l’occasion de découvrir une riche sélection de productions issues du monde entier et cette cuvée 2021 n’y fait pas exception. Pour démarrer cette nouvelle immersion au cœur du festival, intéressons-nous à la Compétition Formats Courts, qui a la particularité de se dérouler exclusivement en ligne. En effet, pour découvrir chaque série en lice, il suffit de se rendre sur la plateforme Series Mania Digital et de s’y inscrire afin d’accéder aux programmes mis à disposition du public.

Parmi les dix œuvres sélectionnées, Lu von Loser, une mini-série allemande – récemment diffusée sur la chaîne ZDF – imaginée par Alice Gruia, qui officie devant et derrière l’écran aux côtés de Martina Eitner-Acheampong et Jonas Baeck, nous faisant suivre Lu, une trentenaire dure à cuire devant trouver un nouvel équilibre dans sa vie face à une série de déconvenues…

Avec Lu von Loser, Alice Gruia porte un regard désabusé et cynique sur la société actuelle en nous plongeant dans le quotidien d’une femme à la vie plus ou moins déséquilibrée, essayant de trouver l’énergie nécessaire pour ne pas sombrer face à ses échecs répétés.

Se voulant une ‘sadcom’, c’est à dire une sitcom à la tonalité plutôt amère, se voulant proche du réel au niveau des ressorts comiques, cette mini-série composée de huit épisodes de moins de dix minutes se laisse déguster avec plaisir, les chapitres s’enchaînant sans réel temps mort. Ainsi à travers un format proche de la chronique, nous entrons dans l’intimité de Lucia, une trentenaire semblant avoir touché le fond après une série de revers. Se rêvant chanteuse, notre artiste déchue se retrouve à la case départ, revenant vivre chez sa mère après avoir quitté son groupe à Berlin et être tombée enceinte. Perdue dans cette phase pour le moins saugrenue, notre héroïne doit apprendre à trouver un juste milieu dans le roller-coaster qu’est sa vie, plutôt dissolue.

Le parcours de notre adulescente, qui se voit finalement rattraper par les responsabilités propres à l’âge adulte, se sort pas des sentiers battus mais s’avère malgré tout des plus sympathiques à suivre, le personnage étant finement écrit. Entre deux remarques sarcastiques, Lu dévoile au fur et à mesure ses multiples facettes, dont celles qui se cachent derrière son côté irrévérencieux. De ses difficultés à accepter sa situation en passant par ses doutes quant à ses capacités à devenir mère, Lucia est en proie à de nombreux démons et ce sont ces failles qui en font une protagoniste attachante. L’écriture plutôt instinctive d’Alice Gruia aide à notre affect pour son alter ego fictif, son style plutôt fluide lui permettant de ratisser large malgré une durée très limitée.

En plus de rajouter progressivement de l’épaisseur à notre mère en devenir, à l’aide d’apartés et autres processus de décalage venant rompre la linéarité du récit, la créatrice de Lu von Loser en profite pour croquer avec une certaine acidité les petits travers de notre société. Avec un regard aiguisé, cette dernière évoque sans fards la grossesse et ses conséquences, la dépression post-partum entre autres, évitant d’être dans le drama en prenant le parti de l’humour noir, venant apporter un contrepoids bienvenue à l’ensemble. Pour cette première création originale, Alice Gruia s’en sort donc avec les honneurs et donne naissance à une mini-série douce-amère qui se laisse aisément ‘binge-watcher’.

© ZDF

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