Après s’être fait remarquer au festival de Sundance l’année dernière, Palm Springs débarque enfin en France, sur la plateforme Amazon Prime Video. Pour son premier long-métrage, le réalisateur Max Barbakow s’entoure d’un casting comprenant Andy Samberg, Cristin Milioti, J.K. Simmons, Meredith Hagner, Peter Gallagher, Camila Mendes ou encore Tyler Hoechlin et nous entraîne au sein d’un mariage où Sarah, soeur de la mariée et demoiselle d’honneur, va croiser la route de l’insouciant Nyles, pour le meilleur et pour le pire…

Avec Palm Springs, Max Barbakow s’empare avec malice du concept de la boucle temporelle pour s’en amuser à travers le prisme de la comédie romantique pour un mélange des genres qui se marie à merveille et un premier film pétillant.

Revivre sans cesse la même journée, une thématique qui a su inspirer d’innombrables œuvres cinématographiques – le mètre-étalon étant Un Jour Sans Fin d’Harold Ramis – et qui a été usée jusqu’à la moelle depuis les trente dernières années. Si nous pensions que tout avait été dit sur ce sujet, force est de constater qu’il reste des angles pour aborder ces histoires de failles temporelles, comme l’indique celui choisi par d’Andy Saria, qui livre ici son premier scénario. Un script finement écrit qui se sert des tropes de la science-fiction et de la comédie pour mieux analyser les rapports humains et le sens de l’existence.

Ainsi, le cadre féerique d’un mariage en plein désert va se transformer en cellule dorée pour Sarah, soeur de la mariée et demoiselle d’honneur, qui va se retrouver condamnée à vivre encore et encore cet évènement auquel elle aurait préférée ne pas être conviée. Ce qui était l’aube d’un jour heureux va rapidement devenir synonyme d’une monotonie sans fin. Comment cela a t-il pu se produire pour notre jeune femme ? En suivant malencontreusement Nyles, un invité qui ne semble pas non plus à sa place à cette cérémonie avec son style et son comportement je-m’en-foutiste. Et pour cause, ce dernier vit dans cet espace-temps depuis des lustres !

De ce postulat, Palm Springs joue sur les attendus des deux genres appréhendés afin de confronter ses personnages à ces questions de la temporalité et de la vie en générale. En choisissant d’enfermer non pas une mais plusieurs victimes dans cette boucle infernale, Andy Saria fait souffler un vent de fraîcheur car cela permet de nous convier à plusieurs points de vues sur une même situation et de multiplier les sotuations habituellement offertes par ce cas de figure. Que ce soit les mésaventures de Sarah, devant apprendre à assimilier ce monde dans lequel elle navigue désormais à son parcours commun aux côtés de Nyles, la bonne humeur règne et l’on se marre devant les délires divers et variés qui occupent le temps de notre tandem, qui apprennent à se connaître, à d’apprécier via leurs pauses récréatives.

Si l’humour et le romantisme sont présents, ce qui est également appréciable est la réflexion faite sur la fatalité, sur la culpabilité. Entre un Nyles abandonné à sa condition de prisonnier du temps et une Sarah voulant s’extirper de sa condition aussi bien littéralement que metaphoriquement, l’intrigue bifurque progressivement vers un constat plus mélancolique, où les états d’âmes prennent le pas sur l’insouciance des débuts. Une amertume qui s’accentue alors que l’emphase se porte petit à petit sur l’introspection. Face à l’impossibilité de nouveaux lendemains, s’interroger sur le but de son existence prend tout son sens. Une analyse qui prend corps avec l’évolution de notre duo principal, auquel vient se greffer ponctuellement l’excellent J.K. Simmons qui compose avec un second rôle savoureux, dont la trajectoire épouse avec sensibilité ce questionnement sur le sens à donner à sa vie. Une note de douceur qui renforce le propos du film.

Outre son écriture, Palm Springs doit une grande partie de sa qualité à l’alchimie du duo formé par Andy Samberg et Cristin Milioti, le premier se montrant hilarant – comme à son habitude (c’est le fan de Brooklyn-Nine-Nine et Popstar qui parle ici, l’objectivité n’est pas de mise) – tout en ajoutant une certaine profondeur à sa partition tandis que la seconde irradie l’écran dans la peau de Sarah, avec une partition solaire teintée de nuances sombres, pour un personnage attachant. L’actrice, trouve ici un rôle à sa hauteur et sa performance marquera sa carrière, qui devrait enfin exploser.

Saluons pour terminer la réalisation de Max Barbakow, qui se saisit du cadre s’offrant à lui pour distiller cette aura fantastique qui ressort de l’intrigue du film, l’immensité du désert servant de mise en abîme à la condition de nos personnages. Sa mise en scène inspirée et colorée, avec un sens du cadre précis, est une plus-value non négligeable à cette histoire d’amour (in)temporelle.

Premier essai réussi pour Max Barbakow avec Palm Springs, comédie romantique teintée de science-fiction qui fait un bien fou, nous conviant à une parenthèse enchantée avec un délire qui sait être drôle et touchant, porté par un duo Andy Samberg/Cristin Milioti au diapason. Un film à voir et à revoir, et à revoir, et à revoir….

8 commentaires »

  1. J’ai adoré aussi, et pourtant, contrairement à toi, je n’ai jamais accroché à B99… A cause d’Andy Samberg que je n’aime pas tellement 🙈 je rejoins donc ce que tu dis sur son jeu plus profond ici, c’est ce qui a dû me plaire 🤷🏻‍♂️ et puis pour le coup, j’adore l’actrice !
    Bref, c’était une comédie bon délire et vraiment bien écrite, ça fait plaisir !

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