Deux ans après I Feel Good, le tandem Benoît Delépine/Gustave Kervern est de retour derrière la caméra avec Effacer L’Historique, une comédie réunissant Blanche Gardin, Denis Podalydès, Corinne Masiero et nous faisant suivre les déboires de trois voisins, en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux…

Avec Effacer L’Historique, Benoît Delépine et Gustave Kervern poursuivent leur analyse acerbe de notre société et s’attaquent aux géants du numérique et de la consommation, pour une critique plus ou moins caustique de cette ère 2.0 qui poussent les gens vers des situations précaires.

Dans une tradition purement grolandaise, notre duo s’affaire à nous montrer la toute puissance des GAFA et autres multinationales qui font tourner le monde et qui font perdre la tête à ses clients, le tout à travers le parcours semé d’embûches de trois voisins d’un lotissement. Peinture d’une classe moyenne pris à la gorge, Effacer L’Historique pointe du doigt les méfaits de cette ère dominée par le tout numérique et par les géants de la consommation avides de profit – monétaire et humain – offrant le temps d’un instant la possibilité de sortir la tête de l’eau alors qu’en réalité ces derniers nous enfoncent progressivement vers le fond. Un constat amer qui fait la particularité du long-métrage, la fatalité venant toujours se mettre au travers des minces espoirs de nos personnages principaux.

Blanche Gardin, Denis Podalydès et Corinne Masiero, forment un trio attachant en offrant une partition collégiale toute en sincérité, mettant en avant les failles de leur alter-ego, ce qui le charme du long-métrage. On suit non sans déplaisir les mésaventures de ces trois voisins constamment mis à terre par les autres, qui vont tenter de se mettre vent debout contre un système conçu pour profiter d’eux. Ô combien actuel, convoquant l’esprit contestataire des gilets jaunes, le long-métrage s’évertue à dénoncer tous les travers de notre époque sous le prisme de la comédie. Mais en voulant ratisser large, Delépine et Kervern perdent quelque peu leur fil conducteur, en résulte une sorte de film à sketches sur le tout connecté avec des passages inégaux, faisant diminuer quelque peu l’impact des messages délivrés à cause de certains passages à vide. Dans le même genre, I Feel Good se montrait plus ‘construit’ au niveau de sa narration.’

Si le rythme aurait gagné à être resserré, l’ensemble fonctionne grâce à la folie douce instaurée et l’esprit de solidarité qui ressort de cette débauche de galères, du chantage à la sextape au surendettement en passant par les sournoiserie des plateformes et centre d’appels, donnent une nuance d’espoir qui illumine le tout. Une luminosité qui ressort de la réalisation de notre tandem, qui met toujours un point d’honneur à se montrer artisanale, un côté terroir que l’on reconnaît avec ce grain présent à l’image et cette mise en scène simple mais efficace. La photographie chaleureuse offre également un décalage bienvenu quant à la teneur de l’intrigue, où le désespoir n’est pas loin. Si le ciel tombe constamment sur nos compagnons de galère, le soleil émanant de leur cœur et de leur combativité nous rappelle que l’union fait la force.

Prônant la solidarité face à l’adversité, Benoît Delépine et Gustave Kervern livrent avec Effacer L’Historique une comédie gentiment loufoque et méchamment acide qui alerte sur les dangers d’une société déshumanisée. Si sur la forme, il y a une certaine irrégularité au niveau de l’humour, au niveau du fond nos grolandais visent juste et dressent un constat accablant quant à cette ère 2.0 tissant inéluctablement sa toile sur nous, pauvres victimes.

Ad Vitam

1 commentaire »

Laisser un commentaire