Six ans après Tiens-Toi Droite, la réalisatrice Katia Lewkowicz est de retour derrière la caméra avec Forte, une comédie comprenant au casting Melha Bedia, Valérie Lemercier, Alison Wheeler, Bastien Ughetto, Jonathan Cohen, Ramzy Bedia et nous entraînant dans le quotidien de Nour, une jeune-femme cherchant à s’accepter telle qu’elle est, qui va découvrir l’univers de la pole dance. Initialement prévu pour le mois de Mars au cinéma, le long-métrage passe directement par la case VOD, devant une exclusivité Amazon Prime Vidéo, ce qui est une première sur notre territoire.

Avec Forte, Katia Lewkowicz livre une comédie qui, si elle est classique dans sa forme, délivre un message pertinent sur la féminité et la quête de soi, pour un résultat sympathique.

Le scénario du film, co-écrit par Melha Bedia et Frédéric Harzan, ne sort pas des sentiers battus, proposant tout ce qui est en droit d’être attendu dans un récit initiatique de ce genre où le personnage, ici Nour, va s’accepter dans sa peau suite et se révéler suite à un élément déclencheur, en l’occurrence la pole-dance. Si le chemin est parsemé d’embûches, reposant sur les difficultés d’apprentissage à cet art et à la recherche de féminité de notre héroïne, soulignons que le traitement réservé à son parcours est inclusif et respectueux, ne tombant pas dans le piège de la vanne facile sur l’apparence de notre protagoniste.

Cette intrigue mettant en scène Nour est dans son ensemble bien traité puisque son développement possède un certain relief, scénaristiquement parlant, son côté masculin et grande gueule étant contre-balancé par ses errements et ses doutes dans un monde où le conformisme est roi. Si l’on sourit de certaines de ses mésaventures, ce n’est pas à ses dépends, le spectateur étant complice du personnage, l’abattage de Melha Bedia, qui enchaîne les punchlines, plus ou moins réussies, aidant à instaurer ce lien de connivence. De même cette plongée dans le monde de la pole dance s’effectue de manière respectueuse dans le sens où la vulgarité n’est pas à l’ordre du jour alors qu’il aurait été simple de jouer cette carte. Tout repose sur le décalage entre les deux univers présentés et sur ce point, le long-métrage déjoue les préjugés.

La féminité et l’acceptation de soi sont les deux thèmes centraux de Forte, se retrouvant également dans les trajectoires des seconds rôles comme les meilleurs amis de Nour, incarnés par Alison Wheeler et Bastien Ughetto, qui ont du mal à trouver leur vraie nature forme un trio crédible avec Melha Bedia, les acteurs parvenant à nous faire croire à leur amitié. Si parmi le reste du casting, Jonathan Cohen et Ramzy Bedia notamment restent trop en retrait, nous retenons la bienveillance émanant de la partition de Valérie Lemercier, qui joue avec une certaine fougue et candeur le rôle de cette prof particulière, servant de guide dans la quête de notre personnage principal.

Outre l’humour, reposant essentiellement sur les dialogues punchy que se balancent les uns et les autres plus que sur le comique de situation, ne fait pas mouche à tous les coups et prêtera plus à sourire qu’à un rire franc et massif, on peut aussi regretter que la réalisation de Katia Lewkowicz soit trop scolaire, ne parvenant pas à insuffler l’énergie qui se dégage du scénario, ce qui est dommage.

S’il n’apporte rien de nouveau dans le paysage comique français, restant trop classique et balisé dans sa construction, Forte de Katia Lewkowicz reste tout de même un long-métrage sympathique, qui ne manque pas de coeur et de bonnes intentions, entre le traitement juste de l’acceptation de soi et le côté attachant émanant de la prestation de Melha Bedia.

Forte
© Céline Nieszawer

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