Une décennie après Get Born (non sorti dans les salles françaises) la réalisatrice Nicole Palo revient derrière la caméra avec son second long-métrage, Emma Peeters, qui comprend au casting Monia Chokri, Fabrice Adde, Stéphanie Crayencour, André Farréol, Anne Sylvain, Jean-Henri Compère et nous plonge dans le quotidien morose d’une apprentie comédienne, qui prend une décision radicale à l’aube de son trente-cinquième anniversaire…

Avec Emma Peeters, Nicole Palo tricote une comédie noire et burlesque sur le thème de la dépression et de la mort qui ne manque pas de charme.
Nous voici ainsi plongés dans le quotidien d’Emma Peeters, qui désespère de décrocher un rôle, elle qui a tout plaqué pour se consacrer à sa carrière d’actrice sur Paris et qui enchaîne les déconvenues.

Dès l’introduction du film, la réalisatrice parvient a nous attacher à son héroïne, en nous dépeignant un milieu artistique sans pitié ainsi qu’une société démoralisante, laissant peu de place à l’épanouissement personnel et au bien-être. Ayant perdu le goût de la vie, Emma va décider d’en finir avec elle à l’aube de son anniversaire.

De ce point de départ macabre, le scénario concocté par Nicole Palo déjoue nos attentes quant au traitement de ce sujet pesant qu’est le suicide, en s’attelant à les greffer aux codes de la comédie romantique et en les agrémentant d’une touche de légèreté, ce qui fait tout le sel du long-métrage.
Ainsi le public assiste à un rendez-vous avec la mort enjoué, avec les préparatifs de l’iconoclaste Emma Peeters pour son grand départ vers d’autre cieux, qui ne manque pas de piquant grâce à la dose d’humour pince-sans-rire qui ressort de cette intrigue pour le moins morbide, qui ne fonctionne pas à tous les coups on le conçoit mais qui fait sourire la plupart du temps.

Le spectre de cette fin tragique se voit illuminé par la folie douce qui règne à la fois avec la détermination sans faille du personnage principal, qui, à défaut d’avoir réussi sa vie veut que son suicide le soit et également avec le duo qu’elle forme avec Alex Bodart, un employé de pompes funèbres un brin barré, qui accompagne Emma dans ce chemin vers l’obscurité. Portés par une Monia Chokri et un Fabrice Adde complémentaires et au diapason, les élucubrations de ce tandem loufoque, qui n’attendent rien de leur existence et vont apprendre à se connaître et s’apprivoiser dans un contexte qui ne s’y prête absolument pas est cocasse à suivre. Les deux acteurs sont ainsi l’autre force du long-métrage, apportant une fraîcheur bienvenue, là encore venant

D’ailleurs la réalisation de Nicole Palo se veut chaleureuse et cela se traduit par une photographie s’appliquant à faire ressortir les couleurs vives, en contradiction avec l’aspect grisâtre de l’âme d’Emma. De même, une certaine poésie se dégage de la mise en scène avec des séquences burlesques à la clé et des références au septième-art, renforçant notre empathie pour les personnages. De quoi renforcer l’aspect pétillant du métrage, allégeant cette quête pour le moins incongru.

Avec Emma Peeters, Nicole Palo livre une comédie noire sur la mort qui ne manque pas de vie grâce à un scénario infusant un parfum de folie douce, à un humour cynique qui se joue de ce rendez-vous avec la grande faucheuse ainsi qu’à l’abattage de son duo principal, Monia Chokri et Fabrice Adde, qui font de ce long-métrage une sympathique ode à l’optimisme.

EmmaP

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