En Avril 2008, l’Univers Cinématographique Marvel était lancé avec Iron Man réalisé Jon Favreau. Dix ans et dix-huit films plus tard, tout ce que Kevin Feige et Marvel Studios ont bâti arrive à un point culminant avec Avengers : Infinity War. Les enjeux de ce troisième volet, réunissant la plupart de nos super-héros préférés, sont des plus élevés avec l’arrivée d’un ennemi qui nous a été teasé en 2012 à la toute fin d’Avengers : Thanos. L’événement est tel que deux films sont nécessaire pour ce crossover ultime entre les personnages du MCU. Et les choses sérieuses commencent avec Infinity War.

Mis en scène par Anthony et Joe Russo, déjà à l’oeuvre sur Captain America : Le Soldat De L’Hiver et Captain America : Civil War, ce troisième Avengers tient-il ses promesses ? Tout ce teasing à propos de Thanos et des Pierres D’Infinités a t-il abouti à un résultat concluant ou tout cela n’était que du vent ?

Avengers : Infinty War ne déçoit pas et propose un excellent divertissement dont la grande force est de faire de Thanos le centre du long-métrage. C’est son film et ce choix de point de vue en renforce la dramaturgie.

Voir débarquer un ennemi que l’on a seulement vu lors de deux scènes post-génériques et à peine quelques minutes durant Les Gardiens De La Galaxie, nous le dépeindre comme quelqu’un de redoutable alors que ce que l’on a aperçu de lui était qu’il aimait passer son temps assis sur son trône pouvait laisser perplexe mais en décidant de lui dédier ce film Marvel a réussi son pari puisque nous avons face à nous un adversaire de taille et son développement est réussi.

Thanos est la star d’Infinity War et vole la vedette à nos super-héros, ce que l’on apprécie puisque sur les dix-huit précédents opus du MCU, peu d’ennemis ont été mémorables malheureusement. Le Titan Fou se croit investi d’une mission et veut réguler le nombre d’êtres vivants dans l’univers. Avec ou sans Gant d’Infinité, il a déjà divisé par deux la population de plusieurs planètes. Et dès les premières minutes on nous présente un personnage implacable, très froid, n’hésitant pas à massacrer et torturer pour obtenir ce qu’il souhaite avec l’aide de ses « enfants ». La séquence initiale sur le vaisseau asgardien annonce la couleur, avec Thanos on ne rigole plus. Thor, Hulk, Loki et Heimdall vont vite le comprendre.

Mais le méchant à ses fêlures et saluons ce choix de ne pas en faire un ennemi manichéen. Certes il a un but mais il le fait par conviction et son périple pour posséder les Pierres D’Infinités n’est pas sans obstacles. Tout au long du film, nous assistons à la transformation du personnage à son humanisation. Le pouvoir qu’il convoite va l’emmener sur un chemin épuisant et le monstre va nous émouvoir lors d’une scène clé avec l’une de ses filles, Gamora. Le passage sur Vormir entre le père et son enfant nous prend par surprise par son émotion, l’une des meilleures scènes du film. Preuve que l’on est spectateur du film de Thanos, son intrigue est menée jusqu’au bout, on ne coupe pas le long-métrage subitement à la fin pour nous donner l’envie de revenir voir la suite. Le Titan Fou avait un objectif et il l’a atteint. Un parfum de victoire pour lui et de défaite pour nous et nos héros. Un autre bon point.

Passons à nos Avengers, qui sont enfin mis à mal. Ils souffrent et nous aussi. S’il pouvait y avoir un bémol, ce serait que l’humour est encore un peu trop présent mais il est moins lourd et dérangeant que dans certains autres opus du MCU. Dans le cas de Thor, on peut même voir sa tentative de plaisanter pour masquer sa peine car le pauvre perd beaucoup dès l’introduction du film. Pour Star-Lord, Rocket et Drax, c’est inhérent aux personnages mais heureusement pour les deux premiers ils vont montrer qu’ils ont d’autres cordes à leur arc. Par contre dommage d’en avoir fait trop avec Bruce Banner/Hulk (même si on comprend qu’après une raclée par le Titan Fou, le Géant De Jade ne veuille plus revenir).

Alors que l’on aurait pu craindre un scénario trop fouillis avec un tel nombre de protagonistes, l’ensemble est homogène aidé par des alliances inédites et des storylines intéressantes à suivre que ce soit le trio Tony Stark/Stephen Strange/Peter Parker, qui en cours de route se renforcera avec la présence de Peter Quill/Drax et Mantis ou mieux encore Thor qui forme une équipe détonnante avec Rocket et Groot. Parmi le reste des Avengers, même s’il est peu présent, Steve Roger en impose toujours autant ! Retenons surtout deux couples phares de ce film qui arrivent sans mal à véhiculer de l’émotion : Thanos/Gamora et Wanda/Vision.

L’arrivée de Thanos, qui semble inéluctable, va prendre nos héros de court et un sentiment d’urgence va vite se faire sentir, aussi bien sur Terre que dans la galaxie. Nous sommes constamment sur le qui-vive et même lors des courts passages où le rythme baisse, notre intérêt ne faiblit pas car l’intrigue ne fait pas de sur-place (on pense notamment au trio Thor/Rocket/Groot sur Nidavellir). Encore mieux, dans la dernière partie d’Infinity War le dépourvu laisse place au fatalisme. Personne ne peut stopper Thanos. La séquence sur Titan avec le face-à-face entre Thanos et Iron-Man, Docteur Strange, Spider-Man Star-Lord, Drax et Mantis nous fait espérer une autre issue mais toute la construction dramatique trouve son apogée à partir de ce moment fatidique. Tout est perdu. Ce que vient confirmer la bataille finale au Wakanda, au final dévastateur aussi bien pour les personnages que pour les fans. Nous faisons un saut vers l’inconnu et nous n’aurons des réponses que dans un an. Une longue attente.

Le scénario prend des risques en n’hésitant pas à nous enlever un bon nombre de nos héros préférés et c’est là que ces dix ans de fondation se révèlent payantes car nous sommes attachés à la plupart de ces personnages. Quant dans les dernières minutes nous voyons Captain America à terre complètement perdu, Rocket dévasté et Iron Man blessé et détruit psychologiquement nous sentons leur détresse car nous avons appris à les connaître au travers de leurs aventures solo. Même si les différentes phases du MCU ont eu des hauts et des bas niveau qualité avec des volets moins bons que d’autres, le fait d’avoir passé dix-huit films (dix-neuf désormais avec celui-ci) en compagnie de tous ces protagonistes augmente notre empathie et on ne peut qu’être touchés par leur sort. Et nous pouvons souligner quelques surprises bienvenues.

On peut rajouter un petit bémol sur la réalisation d’Anthony et Joe Russo avec des défauts de montage avec quelques passages trop hachés et quelques problèmes de mise en scène mais cela est contre-balancé par un soin particulier accordé à la photographie, particulièrement dès que l’on s’éloigne de la Terre. Et surtout les frères se rattrapent grâces à trois séquences visuellement parfaites : Thanos/Gamora sur Vormir, la bataille sur Titan et l’arrivée du méchant sur Terre avec nos héros tentant de l’empêcher de s’approcher de Vision.

Quant au jeu d’acteurs, si tous ne font qu’un avec leur personnage, Josh Brolin domine avec une palette de jeu tout en nuances, bien aidé par Zoe Saldana, Robert Downey Jr, Elizabeth Olsen, Chris Hemsworth, Tom Holland ou encore Chris Pratt en ce qui concerne l’aspect émotionnel du film.

Avengers : Infinity War est le point culminant d’un univers établi depuis dix ans et n’hésite pas à bousculer le spectateur pour se vouloir marquant, ce qui est un pari réussi. Thanos arrive et bouleverse l’échiquier du MCU. Toutes les cartes sont à redistribuer et plus rien ne sera jamais pareil. Le spectacle est total et nous n’avons qu’une hâte, connaître la suite. En espérant que le prochain volet ne joue pas l’astuce de la facilité pour que tout revienne à la normale. 

Et pour terminer, on adorerait voir un jour un film centré sur le trio Thor/Rocket/Groot, l’atout charme d’Avengers : Infinity War !

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