Près de cinq ans après Nebraska, qui a notamment été primé à Cannes (Prix D’Interprétation Masculine pour Bruce Dern), Alexander Payne est de retour à la réalisation avec Downsizing, un film dont la genèse remonte à près de dix ans. Pour raconter cette histoire originale, où une technologie permettant à l’espèce humaine de rétrécir voit le jour pour aider à lutter contre la surpopulation, il s’est entouré de Matt Damon, Kristen Wiig, Christoph Waltz, Udo Kier, Jason Sudeikis, Hong Chau ou encore Laura Dern et Neil Patrick Harris.

Avec un concept novateur et un excellent casting, Downsizing nous laisse espérer le meilleur. Est-ce vraiment le cas ? Malheureusement non.

Alors que tout commençait pour le mieux, le scénario d’Alexander Payne et Jim Taylor fait un virage serré en plein milieu du film pour se concentrer sur l’écologie et la condition humaine mais si le message délivré est pertinent, la manière d’amener à la réflexion est hasardeuse mais surtout ennuyeuse. Lorsque Downsizing exploite son potentiel, durant les 45 premières minutes, le résultat est excellent. Dans une Amérique où les inégalités sont de plus en plus présentes, où pour certains il est difficile de subvenir à leurs besoins, l’opportunité de devenir riche et d’aider à sauver la planète en devenant une solution à la surpopulation est alléchante pour beaucoup. C’est là que le couple Safranek interprété par Matt Damon et Kristen Wiig entre dans l’équation. Venant de la classe moyenne, nous les voyons réfléchir à ce programme de rétrécissement et comprenons que tout ceci peut être le symbole d’une nouvelle vie meilleure. À travers leurs états d’âmes, leur découverte du principe du Downsizing et de la vie au sein de ces nouvelles communautés miniature, nous voyageons dans un univers qui se veut optimiste.

Mais une fois arrivé au sein de Leisureland, la communauté phare pour les gens hauts de douze centimètres, notre héros, Paul Safranek, va vite déchanter et l’American Way Of Life va en prendre un coup. Une critique de la société est alors mise en place, avec la richesse multi-culturelle passant son temps à profiter de la vie contrastant avec les minorités, qui sont toujours aussi pauvre dans ce monde miniature et doivent cumuler les emplois pour survivre. Une réflexion pertinente qui se renforce lors de la rencontre avec la réfugiée politique Ngoc Lan Tran (Hong Chau). Si l’optimisme était de mise, le pessimisme va alors prendre le pas. Tout d’abord de manière cynique avec l’introduction d’une galerie de personnages parmi lesquels Dusan Mirkovich (Christoph Waltz) et Konrad (Udo Kier), un duo qui forme la caution humoristique du long-métrage, avec des répliques qui font mouche. Le monde idéal promis n’était qu’une illusion.

Mais lorsque l’on quitte le cadre, l’univers de Leisureland pour s’ouvrir plus largement sur le monde, c’est à ce moment que l’on fait face à un tout autre film, qui semble se chercher et qui se perd concernant son message sur l’écologie. Comme nous le savons nous-même, l’environnement est un enjeu essentiel et nous devons faire des efforts pour la préserver. Ce que Downsizing nous montre, c’est que quoi que l’on fasse, face à l’égoïsme de l’Homme, la nature ne peut rien faire. D’un coup nous nous retrouvons avec une sorte de voyage initiatique pour tenter de changer les choses, notre personnage principal  voulant faire partie de quelque chose de plus grand. Sauf que les événements de cette deuxième heure cassent le rythme du film et l’ennui pointe le bout de son nez. Entre annonce d’une apocalypse imminente, d’une colonie proche d’une secte et une histoire d’amour qui vient se greffer entre deux, le message se perd et c’est bien dommage. On comprend où le réalisateur veut en venir mais tout semble brouillon, par moments on a même l’impression que les acteurs n’y croient plus.

En parlant des acteurs, si Matt Damon et Kristen Wiig font le job dans la peau du couple Safranek, tentant de vouloir vivre une nouvelle vie, meilleure que la précédente, les performances de Christoph Waltz, Udo Kier et Hong Chau sont les plus marquantes du film. Ils apportent un décalage et un humour, qui est parfois certes cynique mais qui apporte un vent frais, surtout quand le scénario patine. Les (trop rares) apparitions de Laura Dern, Jason Sudeikis, Neil Patrick Harris sont sympathiques. Ce qu’il faut surtout retenir est le fait de privilégier un casting multi-culturel, pour refléter l’enjeu mondial que représente l’environnement ainsi que la surpopulation, ces questions parlent à tout le monde. C’est donc un point positif de voir, en plus du casting principal, se côtoyer acteurs américains et européens (Rolf Lassgård, Ingjerd Egeberg).

La réalisation d’Alexander Payne est très soignée avec un soin particulier donné à la photographie. Le travail de la couleur sert l’aspect critique du film, avec un Leisureland aux allures utopistes, où le gazon est bien vert, où tout est parfaitement ordonné alors qu’en marge de la communauté les minorités sont parqués dans des semblants d’immeubles, où tout est mal éclairé, poussiéreux. Mais une fois que Downsizing s’ouvre sur le monde, la beauté de la nature est mise en avant pour nous montrer que cela serait dommage que tout disparaisse à cause de nous.

Avec Downsizing, Alexander Payne veut nous interpeller sur la question de l’environnement en nous confrontant à notre propre égoïsme. Le message est pertinent mais l’exécution est bancale. Ne sachant pas sur quel pied danser, le réalisateur nous offre deux films en un, une comédie sur le principe du rétrécissement et la découverte d’un monde miniature puis une fable moralisatrice. Sauf que cette partie est très mal exploitée avec un scénario qui brouillon et de ce fait Downsizing perd énormément de sa force. Le casting ne parvient pas à nous garder en éveil et malheureusement l’ennui se fait ressentir lors de cette deuxième heure. Comme le personnage de Matt Damon, nous avions de grandes espérances mais nous avons également déchanté. Dommage.

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3 commentaires »

  1. J’ai été le voir dimanche et je partage entièrement ton avis. Je m’attendais vraiment à autre chose, j’ai l’impression que Payne n’est pas allé au bout de son idée et ça me frustre. Je me suis fortement ennuyée pendant la seconde partie et c’est bien dommage 🙁

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